Péripéties Le jeune garçon est plein d'ambition. Il veut devenir un homme riche et respecté, s'imposer aux Romains? La scène se passe vers 140 de l'ère chrétienne, à Madauros, colonie flavienne de la province romaine proconsulaire, dans l'est de l'actuelle Algérie. Apuléi Duumvir, principal magistrat de la ville, s'adresse à son fils, le jeune Lucius. ? Mon fils, voilà que tu viens de terminer tes études ! Des études brillantes, du témoignage même de tes maîtres. Mais mes ambitions ne s?arrêtent pas là : il va falloir que tu pousses plus loin tes études si tu veux, un jour, hériter de mes charges, devenir une personnalité de cette ville ! Le jeune garçon baisse la tête. ? Oui, père ! Le père sourit. ? Tu devrais commencer par te débarrasser de ce fort accent africain, quand tu parles en latin, mon fils ! ? Oui, dit encore Lucius. Il lève aussitôt la tête. ? Mon accent ne me gêne pas, père. Je suis Africain, j'ai du sang numide et du sang gétule qui coule dans mes veines ! Je ne renie pas mes ancêtres ! ? Le même sang coule dans mes veines, mon fils, et, moi, non plus, je ne renie pas mes ancêtres, mais hélas, nous avons perdu notre indépendance et nous dépendons aujourd'hui d'étrangers. Il est bon que tu parles bien le latin pour être pleinement citoyen romain. Tu dois également bien parler le grec, si tu veux acquérir la culture et t'imposer aux Romains ! Et qui sait, avec ton intelligence, tu t'imposeras même à l'Empire ! Le jeune garçon lève les yeux vers son père. Un regard pétillant d'intelligence mais aussi d'ambition. Bien sûr qu'il veut s'imposer aux Romains d'ici et aux Romains de l'Empire, bien sûr qu'il veut devenir un homme riche et respecté? ? Je suppose que tu es assoiffé de savoir et de connaissances ?, continue le père. ? Oui !, père. ? Alors tu iras à Carthage parfaire la formation que tu as reçue à Madauros ! ? Carthage ? ? Oui, Carthage, la plus grande et la plus belle ville d'Afrique ! C'est là qu'on trouve les plus grandes écoles, les plus grands grammairiens et les plus grands philosophes. ? Je le sais, père ! ? Tu iras donc ? ? Oui, père ! ? Alors, prépare tes bagages, mon fils. La semaine prochaine, tu iras à Carthage. Je te payerai les meilleurs maîtres, et quand tu reviendras ici, tu seras le plus savant des citoyens de Madaure ! ? Je ferais comme tu voudras, père. Puis-je te demander quels sont tes projets pour mon frère ? ? Ton frère est moins porté sur les études que toi. Lui m'aidera à administrer mes domaines. Ne t'occupe pas de lui, ne pense qu'à ton avenir ! ? Je ferai ce que tu me diras de faire, père. (à suivre...)