Après l'hiver, vient le printemps qui, rappelons-le, commence non pas le 21 mars, comme c'est le cas dans le calendrier grégorien, mais le 15 furar correspondant au 25 février et qui va durer jusqu?au 16 mayyu, 30 mai. C'est que, au Maghreb, le printemps est précoce et il se manifeste dès la fin du mois de Yennayer. Le froid est moins vivace, les pluies moins abondantes, les éclaircies sont de plus en plus nombreuses et surtout de plus en plus longues, les oiseaux chantent, les prés commencent à fleurir? «Qrib iji rrbi?e» (le printemps approche) dit-on alors. Quand le printemps arrive, on se réjouit. Alors que Yennayer est encore fêté partout, le printemps, lui, ne donne plus lieu à des festivités. Il n'y a que quelques régions qui le fêtent encore. En Petite Kabylie, le premier jour du printemps est appelé amenzu n tefsut ou amenzu n rrbi?e. Autrefois, pour marquer la fin de l'hiver et le retour de la belle saison, on revêtait des habits neufs, les femmes se teignaient les mains au henné et les enfants mettaient des chéchias neuves. Ces habitudes se sont perdues, mais le rite le plus important, la rencontre du printemps (ammager n tefsut) est resté : hommes, femmes et enfants vont, par petits groupes, dans les montagnes pour cueillir les plantes nouvelles. Celles-ci, prises comme présage d'abondance, sont accrochées aux linteaux des portes et sur les cornes des bêtes. Comme pour Yennayer, on consomme du couscous, des beignets, des fèves et surtout beaucoup de légumes nouveaux pour placer la saison sous le signe du bonheur, de la fertilité et de l?abondance.