Bien avant Halloween, les Algériens, comme les autres Maghrébins d'ailleurs, ont pratiqué le carnaval. Ils ne l'appelaient pas «carnaval» et usaient de diverses expressions pour le désigner : ih'tifal (festivités), garaguz (au propre «théâtre d'ombres»), fichta (fête), mais le principe était partout le même : fête, joie, exubérance. Le carnaval est, en effet, avant tout l?occasion de s'amuser, de se moquer aussi de tout et de tous. Mais le carnaval algérien (et maghrébin) c'est aussi tout un faisceau de pratiques symboliques. C'est ce que l'on peut constater encore aujourd'hui dans le seul carnaval algérien qui reste, celui de Tlemcen. Mais avant de parler de ce carnaval, il est bon de rappeler les principes du carnaval algérien et maghrébin en général. Disons d'abord que celui-ci est pratiqué à l'occasion de l'Achoura et parfois à Yennayar, le début de l'année berbère, comme c?est le cas à Tlemcen. C'est à la fois un rite d'identification et d'expulsion du mal et un rite de mise à mort symbolique des plantes et de leur résurrection. Comme dans les autres carnavals du monde, l'élément principal est le masque, représentation figurant des forces redoutables que l'on veut conjurer. C'est pourquoi il est souvent grimaçant ou effrayant, comme c'est le cas pour le lion, mais parfois il est amusant, voire sympathique, comme c'est le cas de l'âne. Souvent, on accompagne le carnaval de mises en scène au cours desquelles on fait une critique de la société.