La couleur se dit lawn et chaque couleur, chaque nuance a souvent son nom. C'est que le monde ne peut pas s'envisager sans couleur, en noir et blanc. Et comme si le mot lawn ne suffisait pas pour le dire, on a emprunté au français le mot couleur : koulour. Ainsi, on peut dire sinima bel alwan, mais on préfère dire : sinima an koulour ; on peut dire sura bal alwan, mais on dit le plus souvent : sura an koulour ; quant à la télévision en couleur, c'est tiliviziu koulour. Bien entendu, nous avons donné la forme la plus courante de «couleur», kulur, mais de plus en plus de gens, notamment dans les villes, prononcent kuleur. Dans le vocabulaire de l'école, le mot kulur, ou plutôt l'expression likulur (les couleurs) désigne les crayons de couleur ; d'ailleurs, elle est employée en même temps que l'expression arabe équivalente, al 'alwan au pluriel (les couleurs), on n?a même pas besoin d'indiquer qu'il s'agit de crayons, le mot se suffit à lui-même. Comme l'arabe, le kabyle emploie le terme arabe lawn ? ici lun ? pour désigner la couleur. En fait, tous les dialectes berbères usent de ce terme, à l'exception du dialecte targui qui dispose d'un terme propre : ini, pluriel înîten, que l'on peut rattacher au verbe panberbère eni signifiant «voir». La disparition générale d'un terme aussi courant ne peut s'expliquer que par des raisons extralinguistiques : peut-être que le mot berbère, porteur d'un contenu jugé dangereux ou contraire à la bienséance, a été interdit puis remplacé par un mot étranger, jugé plus neutre. De nombreux exemples d'interdiction de vocabulaire sont relevés dans la plupart des dialectes berbères et arabes. Comme en arabe, le vocabulaire des couleurs est foisonnant.