Reconnaissance Sa mère est la meilleure des mamans, car elle a toujours su l?aimer, la comprendre, lui parler autrement. «Ma mère n?a jamais prononcé un mot, pourtant j?ai toujours compris ce qu?elle voulait dire, il n?y a jamais eu de malentendus, même enfant. Lorsque j?étais petite, je voulais avoir une mère qui discute comme toutes les autres. Mais une fois grande j?ai eu conscience de la grandeur et de la force de ma mère. C?est une femme merveilleuse et exceptionnelle !», confie Amira. Enveloppée dans un ample voile grenat, cette étudiante décrit passionnément sa mère qui est malentendante. Lorsqu?elle en parle, ses grands yeux noirs brillent, un sourire illumine son visage comme tout enfant comblé. «Ma mère a appris le langage labial, c?est-à-dire, lire et comprendre sur les lèvres. C?était notre façon de communiquer avec elle, elle maîtrisait également le langage des signes et nous l?enseignait aussi. Nous n?avons jamais eu de difficultés à la comprendre. Ma mère a accepté et assumé sa surdité. Son handicap ne l?a jamais empêchée de vivre ou d?être une mère attentive. D?ailleurs, elle ne ratait jamais les réunions de l?association des parents d?élèves» Comment parlait-elle ? «Elle exprimait ses idées en les notant sur une feuille. Elle ne se laissait pas abattre par le regard des autres. C?est une fonceuse». Depuis une année, Amira a adhéré à l?association et s?est inscrite en cours de langage des signes. «Depuis que j?ai appris ce langage, je me sens plus proche de ma mère. J?ai l?impression même que ce langage m?appartient puisqu?il est celui de ma mère ; d?ailleurs elle voulait qu?on l?apprenne pour pénétrer son monde», ajoute la jeune fille. Elle sourit amusée puis avoue : «Et puis ça m?aide beaucoup, je m?en sers quotidiennement. À la bibliothèque, où il est interdit de parler et de faire du bruit, ma s?ur et moi usions du langage des signes pour communiquer. Il nous arrive de nous en servir dehors, particulièrement lorsque l?on n?a pas envie que les gens écoutent ou comprennent ce qu?on dit. C?est une fierté pour moi».