Les caprices du temps commencent à peser sur les populations. A Alger, les étals des fruits et légumes sont vides faute d?un approvisionnement normal et le peu de marchandises qui y entre est proposé à des prix exorbitants. On pense, dès lors, à se rabattre sur les légumes secs, mais c?est dans les zones isolées que le pire est à craindre, car, à mesure que le temps passe, les stocks diminuent. Si le mercure oscille depuis quelques jours entre -1 et 3 ou 4 degrés, la «mercuriale» des fruits et légumes et autres produits de première nécessité atteint, elle, des pics et des records. Entre les deux, il existe évidemment une relation de cause à effet. Les marchés de la capitale affichent des prix chauds ! La pomme de terre à pas moins de 40 DA. La tomate est cédée entre 60 et 100 DA, alors que la même fourchette est affichée pour la laitue. Le prix du navet a atteint les 60 DA, l'oignon 40 DA, la carotte 50 DA, celui de la courgette oscille entre 70 et 80 DA, tandis que le poivron est inaccessible (130 à 140 DA). Mais pourquoi donc cette envolée vertigineuse dont la première et unique victime n?est autre que le citoyen au pouvoir d?achat érodé ? Des vendeurs s?évertuent à donner des explications. Selon eux, cette hausse s?explique d?abord par l'incapacité des paysans à faire la cueillette des légumes et fruits en raison des fortes chutes de pluie et de neige. Ensuite par la fermeture de plusieurs axes routiers, ce qui empêche évidemment, des jours durant, les grossistes, venant des différentes wilayas du pays, d'accéder à Alger et ses environs afin d?y assurer un bon approvisionnement. Seuls quelques rares camions ont bravé, ce week-end, le mauvais temps, notamment depuis les régions de l?Est (Sétif, Chelghoum Laïd, Mila, Barika) où des régions de l?Ouest, notamment de Chlef, Mostaganem, Mascara et Saïda, pour rallier les wilayas du Centre et alimenter les marchés sans entraîner pour autant une fébrilité des prix. Mais il est évident qu?on ne peut éternellement incriminer Dame Nature pour ses caprices. Il est évident aussi que les prix n?ont pas atteint des records à cause des 21 wilayas du pays paralysées. La flambée des prix est, on ne le dira jamais assez, le jeu favori des spéculateurs. En effet, quelques commerçants ont tenu «les grossistes et propriétaires des chambres froides pour responsables de la hausse des prix, en recourant au stockage des marchandises avant de les écouler aux détaillants en petites quantités», a-t-on expliqué. Et qu?aura à dire le citoyen, déjà frileux bien avant l?arrivée de ce climat «sibérien» ? L?un des palliatifs dont les Algériens peuvent s?accommoder, au moins jusqu?à ce que le ciel soit plus clément, c?est évidemment le recours aux légumes secs. Ceux-ci, faut-il le rappeler, sont pour le moment beaucoup plus accessibles, moins chers et surtout non périssables. Mais dans les régions éloignées et complètement isolées, on ne parle pas uniquement de flambée du prix des fruits et légumes, mais plutôt du risque imminent de manquer de tout et de connaître la faim tant il est mentionné, çà et là, des ruptures de stock. Même le recours, à titre préventif, aux légumes secs ne peut être considéré comme une solution pour des centaines, voire des milliers de personnes. Dans les hameaux de Kabylie, dans les zones enclavées de Médéa et dans d?autres régions paralysées par la neige, les citoyens commencent à avoir peur. Outre les coupures d?électricité et le manque d?eau, les denrées alimentaires, dont ils disposent, ne suffisent que pour quelques jours et si l?ouverture des axes routiers ne s?effectue pas rapidement, le pire est à craindre. L?approvisionnement en d?autres produits comme le gaz butane, très recherché en cette période de froid glacial, bute, lui aussi, sur ce problème de routes coupées, et aussi sur la spéculation. Attendons alors pour voir si avec la prochaine éclaircie, les prix redeviendront plus «soft» surtout que les services de contrôle des prix n?ont toujours pas déployé leurs troupes sur le terrain.