Confrontés, ces dernières années, à des situations extrêmes, de nombreux policiers ont été traumatisés. Si la plupart ont plus ou moins tenu le coup, certains ont craqué et retourné leur arme contre eux-mêmes. Dix à douze suicides sont enregistrés annuellement dans les rangs de la police, a dévoilé, hier, mercredi, le directeur général de la Sûreté nationale, Ali Tounsi, en marge du deuxième séminaire sur les victimes des traumatismes qui se tient à l?école de police de Châteauneuf à l?initiative du service central de l?action sociale et des sports de la Dgsn. Selon le premier responsable de la police, la situation n?est pas pour autant alarmante. «Le nombre de suicides dans les rangs des autres polices du monde est beaucoup plus important. Chez la police française par exemple, il est de 65 à 66 par an», argumentera-t-il avant de souligner que son institution accorde beaucoup d?importance, depuis quelques années, à «l?aspect psychologique des hommes». A ce propos, Ali Tounsi fera savoir qu?une étude sur le moral des policiers est effectuée chaque trimestre. De même, les éléments ayant participé à la lutte antiterroriste sont systématiquement soumis à un contrôle psychologique. En tout, «entre 8 000 et 10 000 policiers ont suivi à ce jour un traitement complet en psychologie», soulignera le directeur général de la Sûreté nationale. Pour sa part, M. Kechacha, psychologue principal au service central de l?action sociale, fera état de 489 cas de policiers traumatisés, traités par ses services. «Mais ce chiffre ne reflète certainement pas la réalité», ajoutera-t-il. Il se trouve que la plupart des éléments de la police ayant subi des traumatismes psychologiques sont des agents de l?ordre public (68%) ayant fait l?objet de sanctions négatives (52,49%), mariés (71%), âgés entre 31 et 42 ans (60%), recrutés entre 1989 et 1996 (55%), selon l?étude présentée par le psychologue principal du Scas. Selon une autre étude menée par M. Chakali, psychiatre au CHU Frantz-Fanon de Blida, qui a pris en charge pas moins de 42 policiers traumatisés depuis 1997, la violence est souvent à l?origine du traumatisme subi. «Sur les 42 agents de police que j?ai eu à traiter, 27 ont fait l?objet d?une agression ou de menaces, ont été témoins de l?explosion d?une bombe ou ont perdu un proche», relèvera-t-il. Il est à signaler que ce séminaire est le deuxième du genre après celui organisé en 2003.