L?arabe distingue le bleu du vert : zreg, zreq pour le premier, khdar pour le second. Mais dans la langue dialectale, il y a, parfois, confusion des deux couleurs sous le vocable zreg. En réalité, cette confusion vient du berbère qui, lui, effectivement, confond les deux couleurs sous le nom de azegzaw, aziza, azizaw? Certains dialectes berbères disposent d?une dénomination propre pour le vert, adal, mot signifiant au propre «mousse végétale», mais c?est une dénomination secondaire. Les dialectes berbères ont emprunté aussi à l?arabe des mots pour désigner des nuances du bleu : ainsi, ahchichi (de la couleur de l?herbe). Zrag et azegzaw, dans le sens de «bleu», sont des termes plutôt ambivalents. Avec pour référents le ciel et la mer, ils connotent la profondeur et l?immensité : zreg ki sma (bleu comme le ciel), zrag ki lebh?ar (bleu comme la mer). La couleur a, ici, un sens positif et représente le calme et la sérénité. Avec pour référent le corps humain ou une de ses parties (surtout le visage), la couleur bleue est l?indice de la maladie : wedjhu wella zreg (son visage est devenu bleu) indique une cyanose, une coloration bleue de la peau par la maladie, ainsi que la maladie elle-même. On pense aussi que la cyanose peut être produite par l?ensorcellement, voire la méchanceté. Enfin, la couleur bleue sera, suivant le Coran, la couleur que prendront les damnés au jour du Jugement dernier. Les yeux bleus sont généralement appréciés, mais on leur reproche parfois leur froideur, voire leur caractère maléfique : les yeux des jeunes filles possédées, dit-on, prennent des nuances bleues.