Le terme usuel pour désigner la couleur verte, couleur de la nature, est akhd'ar. signalons, toutefois, que le mot a pu désigner à l'origine une couleur sombre puisque la langue classique l'emploie aussi pour désigner le noir et le gris. Si la langue arabe distingue aujourd'hui le vert du bleu, on pense qu'à une époque lointaine ces deux couleurs étaient confondues. La preuve est que l'une des dénominations du ciel est al-Khadra, littéralement «la Verte», ciel étant un mot masculin. Rappelons que de nombreux peuples faisaient cette confusion : grec, latin, berbère etc. comme pour les autres couleurs, on dispose de toute une gamme de mots pour désigner, en plus de akhdar, le vert : h'ani', ah'wa, akhd'ab, akht'ab, raqîq, achraq, etc., ces mots désignant souvent des nuances du vert. Nous avons vu, que si l'Europe médiévale voyait mal le vert, dont elle faisait une couleur du Diable, c'est parce qu'il était l'emblème des musulmans, à l'époque, leurs adversaires les plus redoutables. En effet, les cavaliers arabo-berbères qui déferlaient sur l'Europe, occupant l'Andalousie et parvenant jusqu'à Poitiers, en Français, arboraient un étendard vert qui portait la profession de foi musulmane, «il n'y a de dieu que Dieu et Mohammed est son Prophète». C'est aussi cet étendard qui surgissait dans les batailles contre les croisés, et qu'on accrochait aux murs des villes reprises aux chrétiens. Comme le blanc, le vert est dans la tradition musulmane une couleur de bon augure, annonciatrice de joie et de réussite.