Homogénéiser les cultures en enlevant toutes les barrières c?est, en quelque sorte, sceller l?arrêt de mort des particularismes. L?humanité, hétéroclite par essence, tend, avec le troisième millénaire, à s?homogénéiser et à se constituer en une seule et même organisation, forte et agissante, excluant, de ce fait, les autres entités sociales minoritaires, celles qui, refusant d?adhérer à la définition nouvelle du monde, luttent pour la survie de leur identité et la préservation de leur spécificité. L?on parle à cet effet de mondialisation. Une réorganisation nouvelle du monde cherchant à regrouper les différentes communautés internationales autour d?un même ordre : l?ordre international. Celui-ci ne reconnaît pas les particularités linguistiques ni les habitudes sociales, encore moins les différences culturelles. Il n?y a qu?un seul patrimoine, standard, que chacun doit considérer comme une référence, celui qui est imaginé, élaboré et mis en pratique, voire imposé par les partisans farouches de la mondialisation. Si, de prime abord, la mondialisation apparaît comme une formule nouvelle pour rapprocher les peuples et abolir en conséquence toutes les frontières, il se trouve cependant que le revers de la médaille s?avère une nouvelle forme de colonisation et une pratique moderne d?exclusion et de mépris. Car tout ce qui n?est pas conforme au nouvel ordre international et ne répond pas à ses attentes se trouve, d?emblée, écarté, s?il n?est pas carrément éliminé. La mondialisation, afin d?élargir son expansion et de maintenir le cap, n?hésite pas, au nom d?une humanité nouvelle et d?un nouvel humanisme, à se livrer à une sorte d?«ethnocide» : assassinant subrepticement les cultures et supprimant donc les différences, ne gardant ainsi que sa culture et sa philosophie. La mondialisation ne peut se définir dans ce sens que par le refus de l?Autre. D?où le souci permanent et apparent des adversaires de la mondialisation, comme les Organisations non gouvernementales (ONG), de s?opposer à cette nouvelle humanité imposée qui n?accorde pas à l?homme son droit à la différence. L?Unesco a pris part à ce combat pour la protection de la diversité des contenus culturels et des expressions artistiques. Son travail consiste à se concerter sur une attitude et une alternative pour aboutir à la rédaction d?un texte devant régir les aspects culturels, l?identité et les traditions des peuples, protégeant et pérennisant ainsi la spécificité de chaque société. L?élaboration d?une convention ayant pour principe majeur de prendre des mesures pour protéger et promouvoir la diversité culturelle s?avère un enjeu important pour de nombreux pays qui veulent défendre et véhiculer leurs biens culturels et leurs productions artistiques face à l?hégémonie culturelle de la mondialisation, à sa tête les Etats-Unis qui, par sa politique expansionniste, domine le marché culturel mondial. L?installation d?un cadre juridique aux droits des Etats s?avère nécessaire pour soutenir la création et la circulation des ?uvres culturelles tant au plan national qu?international, afin d?éviter que le nouvel ordre international (la mondialisation) ne menace la diversité et n?appauvrisse les expressions culturelles. Il est évident d?instaurer une justice et une égalité entre les cultures des différents peuples. Cette convention doit être, d?abord, fondée sur des principes tels que les droits de l?homme, la liberté d?expression, l?égale dignité des cultures, la coopération et la solidarité internationale. Ce même traité ?uvrera à la promotion de la diversité dans une logique culturelle en réaffirmant son importance dans toute sa perspective de développement. Le traité, une fois adopté, ne doit en aucun cas être subordonné à d?autres accords internationaux et doit avoir en conséquence le même poids que les autres accords.