Différences L?humanité ne se définit que dans des relations plurielles et différentes et n?existe que lorsqu?il y a une diversité culturelle. Qu?entend-on par «diversité culturelle», et qu?est-ce que cela implique dans les rapports intercommunautaires ? L?humanité est une «géographie» d?éléments culturels, d?habitudes linguistiques et d?exercices sociaux ; le tout constitue dans un ensemble hétérogène son «patrimoine». Le patrimoine de l?humanité est doublement articulé : patrimoine tangible (matériel) et intangible (immatériel). Les deux représentent, définissent et régissent même la personnalité de l?humanité et précisent l?identité des peuples. Ce patrimoine n?est pas identique. A l?image même de l?humanité, il comprend des variations et des divergences. Chaque patrimoine est étroitement lié à l?histoire qui, elle, raconte un peuple, une société, une communauté, un individu. L?humanité est l?incarnation de plusieurs sociétés et d?une multitude de nationalités, dont chacune a sa propre culture et son histoire. Plusieurs histoires racontent plusieurs cultures, donc. L?on parle à cet effet de diversité culturelle. L?humanité ne se définit que dans des relations plurielles et différentes et n?existe que lorsqu?il y a une diversité culturelle ; sans celle-ci, l?humanité tend à s?appauvrir et à ne plus exister comme telle. La diversité, c?est ce mélange de visions et de pratiques qui enrichit l?existence humaine. Cela revient à dire que la diversité des espaces, donc des cultures, est quelque chose d?essentiel dans l?évolution positive de l?humanité. La diversité culturelle favorise les rapports entre les entités sociales et les inscrit dans la complémentarité. Elle privilégie et renforce l?émergence des principes de la démocratie. Elle permet le rapprochement ainsi que le dialogue et le partage fécond. C?est un lieu de rencontre, de communication et de débat sans ostracisme, dans la transparence et le respect des idées et des opinions, pour aboutir perceptiblement à un accord commun et fructueux. Pour réussir à parvenir à cet objectif, il faut ? et c?est important ? accepter le fait de la diversité culturelle comme tel, et considérer l?humanité comme étant double. L?homme est, en effet, un être double. Il est à la fois «le même» et «l?autre», les deux régissant sa personne, déterminant et légiférant ses rapports avec soi et avec autrui. Partout le même, l?homme est partout différent, multiple et hétéroclite. C?est dans ce contraste qu?en effet l?homme se détermine, que l?humanité se définit. Il se trouve que la diversité culturelle est un fait appréhendé par les minorités, qui risquent d?aller jusqu?à s?enfermer dans un conservatisme stérile et sans issue, parce que pour chacune, se mêler à l?autre, c?est, à l?évidence, s?aliéner, se perdre en tant qu?entité spécifique, individuelle. Cela signifie pour elles, à coup sûr, la perte de leurs repères, de leur identité, de leur personnalité. Elles voient dans la diversité quelque chose d?étranger, de délétère, de nuisible. Or, ces appréhensions sont infondées. La diversité culturelle signifie ouverture et enrichissement. La personnalité de l?individu en est renforcée, son identité enrichie, multipliée, ce qui lui permet d?évoluer positivement dans la voie du progrès et de l?ouverture à d?autres sociétés. Pour parvenir à dissiper pareilles appréhensions, il faut s?armer de courage, donc de volonté, sortir du monologue, aller vers d?autres cultures, d?autres langues, inscrire l?autre dans son existence et s?inscrire par conséquent dans la différence.