Soupçons L'Iran construirait un nouveau missile, dont la portée serait suffisante pour atteindre Rome et Berlin. Cette information, récemment fournie le Conseil national de la résistance iranienne, a été néanmoins démentie par Téhéran. Baptisé «Ghadr», ce missile serait en cours de développement au sein du centre industriel de Hemmat au nord-est de Téhéran sous la responsabilité d'un général des Gardiens de la révolution, Ahmed Vahid Dasdjerdi. Cet engin serait de conception nationale, même si l'Iran bénéficie de la collaboration de spécialistes nord-coréens, chinois et russes. Quatre entreprises chinoises et une nord-coréenne se sont d'ailleurs vu imposer, le 1er décembre dernier, des sanctions par le département d'Etat américain, à cause de leur participation au programme balistique iranien. Le Ghadr différerait des missiles Shahab, une version locale des No-Dong nord-coréens. Toutefois, de nombreuses incertitudes demeurent sur les caractéristiques et les appellations des engins iraniens. Sa portée maximale serait de 3 000 km, affirment les Moudjahidine du peuple. Lancé depuis le nord-ouest de l'Iran, un missile Ghadr pourrait ainsi atteindre Helsinki, Berlin, Rome ou Naples. A 3 000 km, le missile ne pourrait transporter qu'une charge militaire légère, de l'ordre de 250 kilos. Le Ghadr serait un engin à trois étages, équipé de moteurs à carburant solide. Il s'agit d'une technologie plus moderne que le carburant liquide, qui permet une mise en ?uvre plus rapide et plus discrète. Durant l'été, l'Iran a testé avec succès un missile Shahab, qui équipe désormais deux brigades. Le ministre iranien de la Défense, Ali Shamkhani, reconnaît que ces missiles ont une portée de 2 000 km. La République islamique craint d'apparaître trop menaçante à l'égard de l'Europe, où elle a trouvé des oreilles plus attentives qu'aux Etats-unis quant à son programme nucléaire. Comme sur le nucléaire, les Américains sont plus alarmistes. Au début de l'année dernière, le directeur de la CIA, George Tenet, confiait que l'Iran pourrait tester en vol des missiles à longue portée «dans la seconde moitié de la décennie», c'est-à-dire à partir de 2005. Téhéran se défend en parlant d'un programme spatial civil, destiné à placer des satellites en orbite. Une technologie civile, mais identique à celle nécessaire pour construire des missiles stratégiques.