Ambiance Sur les vastes dunes qui s?étendent à l?infini, les femmes se réunissent. Elles allument un feu autour duquel elles dansent et chantent une bonne partie de la nuit. Les Soufis célèbrent cette fête religieuse sacrée d?une manière très spéciale, marquée par des rites particuliers, mais c?est surtout la veille qui se distingue le plus. La veille de l?Achoura, les enfants traversent les rues et les quartiers de la ville en courant et en levant très haut des régimes de dattes sèches appelées «gounte», en chantant «ya Rabi irfaa lawkasse ane el-nass» (Dieu débarrasse les gens des mauvaises choses). Ils font du porte-à-porte ; dans chaque maison, les femmes sont prêtes à les recevoir. Elles leur offrent des gâteaux, des pois chiches et des fèves sèches et nouent des morceaux de tissu ou des fils multicolores sur leurs régimes de dattes. La «sadaka» est distribuée aux voisins et aux proches, ce jour-là. Il s?agit d?une multitude de plats typiquement traditionnels : couscous, tlitli, matabiche, kassra, m?lawi? Les bougies à la main, arborant leurs plus beaux vêtements ? les femmes portent de belles robes ? les familles se rassemblent, le soir, dans les gigantesques dunes de sable où retentissent bientôt les sons de la derbouka. A la lumière des flammes vacillantes du grand feu «el-afia», les femmes dansent et chantent «ya daya Achoura» (ma mère Achoura). Pendant que le thé et le café se préparent sur el-afia, l?ambiance s?installe avec les blagues des jeunes femmes qui se déguisent en hommes ou en vieilles personnes tout en fredonnant des chants humoristiques. Les vieilles, dans leur coin, jettent de l?eau de Cologne sur les filles non mariées en récitant des versets du Coran et des prières pour qu?elles puissent trouver rapidement l?âme s?ur. Elles leur offrent des foulards rouges en signe de baraka. Les personnes qui souffrent de problèmes de santé (stérilité ou autres maladies) ou de difficultés familiales ou même sociales (logement), profitent de la même baraka. En fin de soirée, les enfants brûlent leurs régimes de dattes sur lesquels sont accrochés des bouts de tissu et des fils noués par les femmes, en chantant «ya chaib Achoura» afin d?éloigner le mauvais sort et le mauvais ?il. A El-Oued, tout le monde dort très tard, en cette veille de Achoura. Le lendemain, on prépare la chakhchoukha ou le couscous au poulet.