Décidément, ce n'est pas fini avec les dépenses. Des dépenses qui se suivent mais qui ne se ressemblent pas. Ainsi, juste après la fête de l'Aïd El-Adha et les fêtes de fin d'année, avec leurs sacrées dépenses, voilà qu'une autre fête, synonyme également de dépenses, pointe son nez. Il s'agit d'Enayer tout simplement. Les différents marchés de la ville, rue des Aurès, Michelet ou encore Mdina Jdida connaissent depuis quelques jours déjà une ambiance toute particulière et un décor tout aussi exceptionnel, plutôt attirant auquel il est difficile de résister. Tout y est : des figues sèches aux châtaignes, en passant par les confiseries, les cacahuètes, les noisettes, les pistaches, les noix, la halwa turque, etc. Les prix affichés, inutile d'en parler. Enfin, vous l'aurez deviné, c'est cher et donc là aussi pas à la portée de toutes les bourses. Mais ce qui est plutôt bizarre, c'est que nonobstant le fait que tout est hors de prix, ces commerces sont pris d'assaut par des clients que rien ne rebute. Allez comprendre quelque chose. Geste symbolique Une jeune dame, habillée plutôt simplement, ne montre aucune gêne à nous dire qu'elle emprunte de l'argent chaque année pour, dit-elle, faire « el fel ». Elle le fait surtout pour ses enfants qui attendent cette fête comme l'Aïd El-Fitr ou l'Aïd El-Adha. En essayant de nous prouver que c'est une fête sacrée, notre interlocutrice nous explique qu'autrefois « on gardait une part du mélange qu'on posait sur la table le jour « J » et ce, même pour les bébés ». C'était un geste symbolique. Par ailleurs, un homme d'un certain âge nous dira que c'est une hérésie « bidâa ». Il avance que c'est une fête d'origine grecque que les algériens n'ont pas à fêter. Il continue sur sa lancée, mais lui aussi, malgré sa maigre bourse, il célèbre quand même cette fête et il dit : « je le fais surtout pour mes enfants ». Cependant, beaucoup de gens rencontrés dans l'un ou l'autre marché ont carrément rejeté l'idée de fêter Enayer. Les avis donc diffèrent même par rapport à son origine. Certains nous diront que c'est une fête d'origine chrétienne qui correspond au premier jour de l'année julienne. D'autres, non soucieux de l'origine exacte de cette fête, la célèbrent dans le seul but de présager une bonne année agricole. La célébration de cette fête est accompagnée de rites et de superstitions qui diffèrent d'une région à une autre. La manière la plus répandue consiste à préparer du cherchem, des beignets, du rougag, des gâteaux, etc. Les enfants, eux, attendent avec impatience le 12 janvier pour remplir leurs petits sacs confectionnés spécialement pour la circonstance.