Résumé de la 2e partie L?accusé déclare être innocent. La cour se déplace sur les lieux du crime pour la reconstitution des faits. C'est alors que, pour rétablir la situation, la direction engage Yves, un homme à poigne et extérieur au milieu hospitalier. «Oui, c'est vrai, poursuit Serge W., j'ai demandé à Yves d'être vigilant et de confondre l'auteur des sabotages. Ce n'est qu'après sa mort que j'ai su qu'il était sur une piste.» Les employés de la laverie viennent confirmer ses dires. Une repasseuse : «On n'était pas d'accord pour l'arrivée d'Yves, parce qu'il ne faisait pas partie du personnel hospitalier et parce qu'il venait de l'extérieur, ce qui n'était pas dans les statuts.» L'accusé, lui aussi, abonde dans le même sens : «Yves avait un caractère assez fort, et moi aussi. Alors, on s'accrochait, mais cela en restait là.» On peut reconstituer, maintenant, le climat empoisonné qui régnait à la laverie, fin 1988, une évocation qui fait frémir quand on en connaît l'issue tragique. Mais si le mobile du crime semble clair, les choses le sont beaucoup moins en ce qui concerne son auteur. Yves a été vu vivant la dernière fois le 27 décembre 1988 à 6h 02 du matin. A 6h 10, le sèche-linge recrachait son corps. Or, plusieurs employés de la laverie viennent affirmer à la barre que, pendant ces huit minutes, Louis était en train de prendre un café avec eux. Le mercredi 18 mars 1992 s'ouvre par une initiative spectaculaire de la défense, qui revient à l'un des indices de l'instruction : les traces de sang retrouvées sur le polo et le jean de l'accusé. À l'époque des faits, elles ont été jugées trop petites pour être analysées, mais, depuis, la science a fait des progrès et, selon eux, aujourd'hui, la chose est possible. Si le sang n'est pas du même groupe que l'accusé, ce sera bien la preuve de son innocence ! L'avocat de la partie civile s'associe à cette demande. Aujourd'hui, la seule certitude, c'est qu'Yves T. est mort, et l'assassin est inévitablement dans les treize personnes qui se trouvaient présentes ce jour-là. S'il y a une chance infinitésimale que la science puisse aider, il serait effroyablement triste de ne pas essayer... Le président ordonne une suspension d'audience et, à la reprise des débats, rend sa décision : un expert sera commis et examinera, s'il estime la chose possible, les fibres textiles tachées de sang. Le procès reprend alors son cours normal et on entend la veuve de la victime. Le témoignage est émouvant et très accusateur pour Louis. «Mon mari me parlait souvent de lui à la maison. C'était un homme calme, qui n'avait pas l'habitude de s'affoler et pourtant, il m'avait fait part de ses craintes. Hélas, elles étaient fondées ! Il m'avait dit, en parlant de Louis : ?Si tu voyais la haine dans les yeux de cet homme ! Il faut que je m'en méfie...?» Le jeudi 19 mars 1992, dernier jour du procès, s'ouvre par un incroyable coup de théâtre. Ainsi qu'il avait été décidé la veille, un professeur de Bordeaux, expert en hématologie, se présente à la barre pour dire si oui ou non il est possible d'expertiser les taches de sang. Avant de donner sa réponse, il demande tout naturellement à les voir. Le président demande donc qu'on apporte les scellés contenant le «faisceau de fibres rouges» découvert sur le polo de Louis. La boîte est ouverte sous le contrôle du président lui-même et des avocats et... elle est vide ! Stupeur, remue-ménage. Le président conclut avec humeur : «Ce n'est pas la première fois que des scellés disparaissent !» C'est l'heure des discours de l'accusation et de la défense. Tout d'abord, l'avocat de la partie civile. Pour lui, pas de doute, Louis est bien l'assassin. (à suivre...)