Résumé de la 3e partie La seule certitude pour la cour, c?est que Yves T. est mort et que l?assassin est parmi les personnes présentes ce jour-là. Il le lui dit d'une voix forte : «Vous êtes l'assassin et vous avez tué avec votre arme à vous : cette machine et son ordinateur, dont vous étiez, ô combien, le spécialiste !» Mais il développe ensuite la thèse de la culpabilité collective des employés de la laverie. «Vous étiez seul avec lui à ce moment-là, avec personne pour vous voir ou presque ! Et même si les autres vous ont vu, ils ne le diront pas...» L'avocat général penche pour une thèse similaire : «Si, dans ce crime, le bras est unique, les visages sont multiples. Mais le portrait-robot de l'assassin, c'est celui d'un homme intelligent, fort physiquement et qui connaît parfaitement le terrain. Ce portrait, c'est celui de Louis N.» Il poursuit avec fermeté : «Louis N., vous auriez dû avouer et plaider la haine ou la jalousie. Vous ne l'avez pas fait, alors tant pis pour vous !» Pourtant, dans sa conclusion, il est beaucoup moins catégorique. Se tournant vers les jurés, il résume pour eux son sentiment : «Vous avez les commandes de la machine judiciaire entre les mains. Si vous avez un doute, vous devez appuyer sur le bouton ?stop? et acquitter cet homme. Sinon, vous devez appuyer sur le bouton ?chargez? et vous lui infligerez vingt ans de réclusion.» C'est au tour des plaidoiries. Dans la salle, l'attention est à son comble. Les étudiants en droit et les avocats stagiaires d'O. se sont déplacés en nombre pour assister à ce cas d'école exemplaire. «J'ai très peur depuis ce matin, dit l'avocate de la défense. Je vois se profiler le spectre de l'erreur judiciaire.» Puis elle déplore l'absence de preuve et conclut, un peu comme le procureur : «S'il existe un doute, il doit profiter à l'accusé.» Le second avocat, à son tour, clame d'abord haut et fort l'innocence de son client. «Ce procès, poursuit-il, est un aveu d'impuissance de l'accusation. Elle a échoué dans sa mission qui est d'apporter des preuves, alors que c'est vingt ans de la vie d'un homme qui se jouent ce soir...» Et il reprend, pour les combattre, les thèses de l'accusation : «Si Louis N. a effectivement menacé Yves T., c'est simplement parce que c'est une grande gueule. Mais il ne pensait pas ce qu'il disait. Vous ne pouvez pas le condamner à cause de cette simple phrase. Les policiers et les magistrats se sont acharnés sur mon client, en négligeant toutes les autres pistes. Mais le véritable assassin rôde toujours, lui, dans les sous-sols de la blanchisserie de l'hôpital d'O. !» Conformément à la loi, le président donne en dernier la parole à l'accusé. Celui-ci, qui s'est montré très maître de lui pendant tout le procès, exprime pour la première fois son émotion : «Je sais qu'on ne me l'a jamais demandé, mais je vous jure sur la tête de ma mère et de ma fille que je n'ai pas tué Yves !» Les jurés se retirent pour délibérer, mais dans leur esprit, tout doit être clair, car il ne leur faut pas une heure trente pour répondre. C'est non à toutes les questions : Louis est innocent. Le public, où les employés de l'hôpital sont nombreux, accueille ce verdict par une ovation, à tel point que le président doit faire évacuer la salle. Louis confie aux journalistes : «Je sors d'un cauchemar !» Madame Yves T., elle, pleure dans son coin ; elle ne connaîtra sans doute jamais l'assassin de son mari et l'horrible mystère du sèche-linge ne sera sans doute jamais éclairci.