Résumé de la 6e partie Mercredi 17 juin 1992 : l'heure du réquisitoire est arrivée. L'atmosphère est tendue. L?avocat général en vient alors au gros morceau : les participants à la fusillade de B. Placé entre deux thèses contradictoires sur l'identité du meurtrier de Gilles, il opte pour Patrick et réclame contre lui quinze ans de réclusion criminelle. Pour les autres, il demande entre huit ans et cinq ans, dont trois ans fermes... Vu le nombre des accusés, la part des plaidoiries est particulièrement longue et occupe toute la journée du jeudi 18 juin. Les défenseurs de la veuve de Gilles et de ses deux hommes de main s'attachent à réfuter l'accusation d'enlèvement de Nadia. Selon eux, «son père était d'accord pour laisser sa fille en caution». Thèse que réfutent les défenseurs de l'autre camp. Pour eux, au contraire, c'est cet enlèvement qui a conduit ces mauvais garçons à s'engager dans une affaire qui, a priori, ne les concernait pas? On leur avait dit que des menaces pesaient de nouveau sur Nadia. Or, dans ce milieu-là, les femmes et les enfants sont sacrés, on n'y touche pas. La défense poursuit : «Ce sont Gilles et sa femme qui, dès le début de l'affaire, ont fixé des règles hors jeu. En quoi le fait d'avoir eu recours à Jean-Claude pour régler le contentieux était-il plus choquant que d'avoir recours à Hervé et Guy ?» Quant à l'intention criminelle, elle est niée par tous les avocats d'Edouard et de ses recrues. Le rendez-vous était fixé dans l'entrepôt d'Edouard. La femme de Gilles le savait : le crime aurait donc été signé. Le dispositif adopté n'était pas adapté à un crime. Il suffisait de deux personnes pour tuer. Là, on avait organisé une tenaille pour intimider... Le défenseur de Patrick fait, quant à lui, tout pour innocenter son client : «D'accord, il est du milieu, mais ce soir-là, il n'avait pas d'arme. Il a refusé de participer à ce coup tordu...» Face à ces déclarations contradictoires et à la difficulté de reconstituer la vérité, on imagine que la tâche des jurés sera particulièrement ardue. Et elle l'est, effectivement, car il ne leur faut pas moins de sept heures de délibération, le lendemain, vendredi 19 juin, pour rendre leur verdict. Il est lu dans un climat de tension extrême. Les policiers ont établi deux cordons : l'un entre les deux bancs de l'accusation, l'autre entre les accusés et le public. A la question la plus controversée : «Patrick H. s'est-il rendu coupable de coups et blessures mortels sur la personne de Gilles R. ?», la réponse est «oui» à la majorité de cinq voix au moins. En conséquence, toutes les recrues d'Edouard sont condamnées à la réclusion, les peines allant de huit à quatre ans, dont un avec sursis. Mais le verdict le plus remarqué concerne Edouard. Alors que l'avocat général avait demandé huit ans contre lui, les jurés lui en infligent onze ! C'est totalement décomposé qu'il entend la sentence, tandis que sa fille Nadia éclate en sanglots. L'autre camp a bénéficié, lui, d'une plus grande clémence. Hervé est reconnu coupable de «coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner» et se voit condamner à six ans de prison. Son compagnon dans l'équipée, Guy, s'en tire avec cinq ans, dont un avec sursis. La veuve de Gilles, enfin, reconnue complice d'enlèvement de mineure, est condamnée à cinq ans avec sursis. Elle n'ira donc pas en prison et pourra continuer à s'occuper de son entreprise. Tel est l'épilogue de cette incroyable affaire, qui ne ressemble à aucune autre et qui aura fait, l'espace d'une nuit, ressembler les bords de la Loire, lieu de la traditionnelle douceur angevine, aux faubourgs de Chicago.