Misère Démunis, les parents d?élèves auront certainement du mal à assurer une bonne scolarité à leur progéniture. Rentrée scolaire 2003-2004. L?échéance arrive à grandes enjambées. L?Etat a décidé de reconduire sa fameuse «allocation d?aide» de 2000 DA pour les nécessiteux. Le calcul est simple à faire : 6 milliards de dinars devront être distribués au profit de 3 millions d?élèves, soit 40% du total des effectifs avec la précision que les écoles, les trois paliers confondus, devront faire avec le terrible «déficit» d?un demi-million d?élèves, le plus grand depuis l?Indépendance. La mesure prise dimanche par le Conseil des ministres n?a rien d?alléchant pour égayer les parents d?élèves. Car de cette insignifiante «manne» de 2 000 DA, 500 DA, soit le 1/4, reviendront? à l?Etat avec l?introduction de la formule de la location du livre scolaire qui touchera le primaire, le moyen et le secondaire. Là aussi, le pari n?est pas gagné d?avance. A titre d?illustration, l?année dernière a connu un retard immense dans l?opération d?acheminement des fournitures scolaires vers plusieurs établissements à Alger et dans les grandes villes notamment, retardant sensiblement le démarrage des cours. Et si on ôte le montant de la location des livres, il ne restera que 1 500 DA dans l?escarcelle des parents d?élèves démunis. Une somme tellement dérisoire qu?elle donnera le tournis aux parents des 3 millions d?élèves. Que faire pour que leur progéniture continue d?emprunter, sans encombre, le chemin de l?école ? Les fournitures scolaires, les habits et la nourriture coûtent cher. Le pouvoir d?achat est en nette érosion. Pis encore, l?allocation d?aide, qui risque de ne jamais arriver à temps comme cela a été le cas l?année dernière, n?est sans doute pas la formule adéquate. Au moins une chose est sûre : agressés par la pauvreté, les parents se rabattront sur la friperie, le paradis des pauvres, pour ne pas priver leurs enfants des bancs d?école. Mais là surgissent deux autres risques : l?envolée des prix, selon la sacro-sainte loi de l?offre et de la demande et la résurgence de maladies contagieuses dont le virus peut être «enfoui» dans les tabliers, pantalons et chemisiers des vieux stocks. Suivant cette logique «macabre», ces mêmes maladies viendront grever ostensiblement les portefeuilles des familles vivant dans le dénuement, sachant pertinemment que les consultations et les médicaments remboursables coûtent les yeux de la tête. Outre les livres, les autres fournitures scolaires, tels les cartables et les cahiers, reviennent trop chers. C?est sans doute pour toutes ces raisons que des familles entières ont dû, la mort dans l?âme, contraindre leurs enfants à quitter définitivement l?école pour ne pas alourdir davantage une facture déjà très salée. Le «coup de pouce» de l?Etat s?apparente ainsi plus à un coup de pied dans la fourmilière qu?à une réelle stratégie de porter le savoir vers tous. De ces 3 millions d?innocents, seuls quelque-uns sont sûrs de rejoindre, dans quelques années, les bancs de l?université, elle-même en proie à mille et un accrocs... à moins d?un miracle.