Résumé de la 2e partie Pour le représentant du ministère public, il n?y a pas de doute : le meurtre commis par Saïd était prémédité. Mais avant qu?il ne termine sa phrase, l?avocat de la partie civile se lève : «Monsieur, dit-il d?une voix ironique, vous semblez bien sûr de vous. Pourtant, lors de la reconstitution des faits, il a été établi que de l?endroit où vous vous trouviez, vous n?avez pu voir la scène dont vous nous parlez ! Mais il est vrai, continue sur le même ton ironique l?avocat de la famille de la victime, que vous êtes le cousin de l?accusé et qu?à ce titre, vous avez tout intérêt à ce qu?il sorte rapidement de prison ! Et à mon sens, monsieur, cette fois le ténor se tourne vers Saïd B., vous n?étiez pas du tout en état de légitime défense au moment où vous avez tiré ! Vous n?avez pas commis votre crime dans l?ivresse de la fureur, bien au contraire ! En fait, vous aviez tout calculé, tout prémédité. Pour commencer, vous avez emmené votre arme, ensuite, vous avez prié deux de vos relations de vous accompagner pour être bien sûr que les circonstances du crime que vous aviez l?intention de commettre soient rapportées à qui de droit, c?est-à-dire à la police et au juge ! Vous saviez que votre ami et votre cousin jugeraient qu?Ali vous avait provoqué. Seulement voilà, cette provocation, c?est vous qui l?avez cherchée, vous qui l?avez organisée ! Parce que vous vouliez tuer l?amant de votre femme. Et de ce fait, vous avez assassiné celui qui ne pouvait plus se mettre en garde en reculant.» Il s?interrompit puis, solennel, conclut : «Vous avez été trahi c?est vrai, vous avez été ridiculisé, c?est encore vrai ; mais vous n?avez pas le droit de jouer au justicier.» Non moins sévère, mais plus glacial encore, le procureur général dresse ensuite son réquisitoire. «Dans cette affaire, dit-il, la préméditation ne fait aucun doute. Saïd B. s?est armé pour tuer. Il a pris froidement sa résolution. Il a exécuté et la sollicitude des deux personnes qui sont venues témoigner ici en sa faveur mérite un blâme public ! Voyez-vous, monsieur, notre pays est une jungle ; chaque jour, on se tue. 20 à 30 drames passionnels depuis le début de l?année. C?est trop ! Cet homme riche a tué non parce qu?il était en légitime défense, mais touché dans son orgueil de mâle. La loi lui donnait le droit de divorcer, la charia aussi ; il s?est arrogé celui d?être assassin. Il faut mettre un terme à cette barbarie sanglante, une pitié de plus serait un encouragement légal aux meurtres de demain. Songez-y. Je ne m?oppose pas aux circonstances atténuantes, mais je requiers de vous, au nom de la société, une condamnation à vingt années de réclusion criminelle.» Au moment où l?avocat de la défense se lève pour plaider, tous les regards se tournent vers l?accusé. «Mon client, dit le défenseur, ne se pose pas en justicier, ou bien je ne serais à cette barre pour le défendre, car je ne voudrais pas plaider le droit du mari à tuer. Malheureusement, ce crime-là n?est pas passionnel, mais circonstanciel et Saïd n?a jamais voulu le commettre. Voyez-vous, quand il est arrivé sur les lieux de l?adultère, c?était un homme désespéré.» (à suivre...)