En Algérie, comme dans d?autres pays certainement, on n?aime pas les importuns, les pique-assiette que l?on n?hésite pas à renvoyer. Les formules pour renvoyer sont très variées et vont de la plus polie à la plus vulgaire. Quand on veut mettre fin à une présence ou à un entretien, on dit «khlas ! khlas !» (c?est fini, c?est fini !), autrement dit : «On t?a assez entendu» ou «On t?a assez vu !». Khlas peut être renforcé par un énergique duka : «Duka khlas !» (maintenant, c?est assez !). On peut, dans une formule plus lénifiante mais tout aussi sévère, dire : «Ruh?, Allah issahel â?lik» (va, que Dieu te facilite les choses), autrement dit, les mêmes choses ne sont pas aussi faciles auprès de toi. Il y a, dans la limite du poli, les formules lapidaires : «Ruh?» (va-t?en !), «mchi !» (marche, circule), avec aussi le sens de «pars, va-t?en». On dit aussi «h?ewess», littéralement «va te promener» ou, employant un langage militaire, «digaj», du français «dégage». On dit encore «yezzi !» (assez), mais cette interjection est ressentie comme archaïque ou alors typiquement féminine. Les jeunes lui préfèrent «buji», mot dans lequel on reconnaît le français «bouge». L?interjection est parfois assortie de compléments qui se réfèrent à l?anatomie humaine, plus particulièrement les parties charnues ! De gradation en gradation, on en vient aux expressions vulgaires que nous ne citerons pas ici. Disons seulement que ces expressions invitent ceux auxquels elles sont adressées à aller faire l?entremetteur ou à s?adonner à quelque pratique prohibée? Ces expressions ne s?emploient pas en public, mais il est courant qu?on les entende dans les disputes, au grand dam des bien-pensants !