Résumé de la 4e partie Vanzetti est seul condamné pour le cambriolage de West Bridgewater. En revanche, Sacco va figurer à ses côtés pour le second procès, qui débute le 21 mai 1921 à Plymouth. Comme dans le premier procès, Webster Thayer est président du tribunal. Le procureur, Fréderick Katzman, et son assistant, Williams, représentent le ministère public. Katzman est homme massif, à face de bouledogue : il est farouchement opposé aux mouvements révolutionnaires et aux idées anarchistes, et il aura du mal, tout au long du procès, à dissimuler son hostilité aux deux accusés. Ces derniers sont défendus par Fred Moore, un avocat de Californie, qui s?est illustré dans la défense de la classe ouvrière par le passé. Le mouvement anarchiste va faire la publicité du procès en présentant l?affaire sous un angle politique : ce n?est pas le procès d?un cambriolage que les autorités américaines s?apprêtent à faire, mais celui du mouvement anarchiste. Sacco et Vanzetti sont assis dans une cage grillagée ; ils paraissent, en ce premier jour, très calmes et surtout sûrs de leur cause. Dès le premier jour du procès, consacré à la constitution du jury, Fred Moore défraye la chronique en se présentant? pieds nus et en bras de chemise. Le président du tribunal est fortement irrité par ce comportement, mais comme aucune loi n?impose de costume au tribunal ni de port obligatoire de chaussures, il ne peut rien faire. «C?est tout à fait mon droit d?être comme je veux !», dit Moore. Moore va pousser encore plus loin cette tactique consistant à irriter le tribunal : sur les cent personnes susceptibles d?être jurés qu?on lui présente, il n?en retient que trois. «Ne nous convient pas !», répète-t-il à chaque présentation. Le second jour, il rejette tous les candidats en poussant à chaque fois des «non, non» stridents. ? Maître, dit le président, vous êtes obligé de désigner des jurés ! ? J?ai le droit de les récuser, répond sereinement l?avocat. Me contestez-vous ce droit, monsieur le président ? ? Non, bien sûr, dit le président, plus que jamais irrité. Au cinquième jour, le 500e juré à être présenté est récusé à son tour. Or, la justice américaine n?autorise un avocat à récuser que 500 personnes, et si le nombre de jurés n?est pas atteint, les membres du jury manquants sont désignés d?office, en prenant les personnes dans la rue et en les forçant à servir de juré. C?est donc ce qui va se passer dans l?affaire Sacco et Vanzetti. Le jour de la désignation des jurés, les rues de Plymouth se vident : personne ne veut être mêlé à une affaire qui s?annonce très complexe. Les policiers, chargés de prendre les jurés, se postent donc devant les cinémas et les théâtres et «raflent» les premières personnes adultes qui sortent. «Je ne veux pas être juré !», crient les hommes et les femmes ainsi pris, mais les policiers vont obliger une centaine d?entre eux à se présenter au tribunal. Cette fois-ci, Moore est bien obligé de choisir les jurés qui manquent. Il le fait à contrec?ur et le procès, qui accuse déjà du retard, peut commencer. La première audience est fixée au 7 juin 1921. (à suivre...)