Résumé de la 9e partie Si certains enquêteurs furent très intéressés par les aveux de Heaulme, d?autres les traitèrent avec dédain. Après vérification, Abgrall découvrit que les dates d?hospitalisation de Heaulme ne correspondaient pas avec celles données par les témoins interrogés pour son alibi, ce qui n?avait pas empêché les gendarmes de conclure que le vagabond n?avait rien à voir avec le meurtre de la jeune Laurence Guillaume. L?un des enquêteurs vint donc interroger Heaulme, sans conviction, et conclut qu?il racontait «n?importe quoi». Il se laissa, malgré tout, persuader de revenir un mois plus tard. Cette fois, Heaulme décrivit en détail le meurtre de Laurence Guillaume, mais en accusant son cousin (qu?il appela «Dominique») d?en être l?auteur. Finalement, il admit avoir poignardé l?adolescente. Fin 1993, Heaulme avoua le meurtre de Joris Viville. En prison, il fut menacé par les autres détenus qui, traditionnellement, détestent les assassins d?enfants. Heaulme se renferma et refusa de parler. Son défenseur, «un grand avocat parisien qui le défend gratuitement», s?empressa d?accuser les gendarmes de manipulation? Devant la pression médiatique, les supérieurs d?Abgrall, craignant une mauvaise publicité, décidèrent de mettre fin à la cellule spéciale. Elle dura encore six mois, le temps de boucler quelques enquêtes (mais pas toutes), puis disparut pour de bon. Le premier procès, pour le meurtre d?Aline Perès, s?ouvrit le 28 janvier 1994 devant la cour d'assises du Finistère, à Quimper. L?accusation expliqua que, lors de son interrogatoire, Heaulme avait d'abord prétendu qu'il ne se trouvait pas, ce jour-là, aux environs de la plage. Puis, en fait, qu'il y était. Que, la veille, il avait rêvé de ce crime, mais qu'il ne l'avait pas commis. Plus tard, il s?était mis à raconter le meurtre, à la façon d'un spectateur, à la troisième personne. Enfin, il emploie le «je» : «J'étais très énervé. Je me suis avancé vers la femme. (...) Elle a vu ce qui allait se passer. Elle a vu le couteau. Je me suis adressé à elle et lui ai dit : "Je m'appelle Heaulme Francis, j'ai un problème, je veux vous parler." Je lui ai également dit : "J'ai rêvé que vous alliez être poignardée." La femme avait peur, elle a crié.» Il avait expliqué qu'il avait «vu rouge» et qu'il avait frappé. L?avocat de Heaulme expliqua que son client était faible et influençable et qu?il avait tout avoué sous la pression. Il insinua que le véritable coupable devait être «Le Gaulois», qui avait dû raconter le meurtre à Francis Heaulme. Les jurés ne se laissèrent pas totalement convaincre, mais Heaulme échappa malgré tout à la perpétuité. Le 29 janvier, il fut condamné à 20 ans de réclusion criminelle assortis d'une période de sûreté des deux tiers. En juin 1994, Abgrall revit Heaulme pour la dernière fois. La cellule spéciale venant d?atteindre sa conclusion, on lui avait demandé de mettre un terme à son enquête et d?abandonner ses investigations sur les crimes du «routard». Heaulme lui indiqua qu?il voulait être interné dans un centre psychiatrique et non pas emprisonné, insinuant qu?il était fou. Puis, sachant qu?il ne risquait rien puisque leur conversation n?avait aucun cadre juridique, il raconta à Abgrall, en détails, comment était mort le jeune appelé de Périgueux, Laurent Bureau. Il révéla ensuite qu?il avait tué plus d?hommes que de femmes, et le gendarme ne manqua pas de lui faire remarquer qu?il n?avait avoué le meurtre que d?un seul? Ils en restèrent là et Abgrall dut s'avouer, avec amertume, que Heaulme était sûrement responsable d'autres meurtres irrésolus. (à suivre...)