«Ana flen ben flen» (je suis untel, fils d?untel) ou alors, en berbère, «nekk d flen, mmis n flen» : on ne manque pas, dans les disputes, d?évoquer son nom et ses origines pour se faire valoir auprès d?un adversaire dont on déprécie tacitement le nom et les origines. L?état civil, établi par la colonisation française, au XIXe siècle, a déformé beaucoup de noms algériens et en a même inventé certains qui n?ont rien à voir avec l?onomastique traditionnelle, mais les gens ont conservé les noms ancestraux et ils ne manquent pas de les citer. Un nom c?est juste quelques sons ou, comme disent les linguistes, des phonèmes, mais c?est par ces quelques sons réunis que l?on se rattache à une famille, à une lignée et que l?on prouve aux autres que l?on a un passé, des origines ! Le souvenir de l?aïeul que l?on évoque est encore vivant dans la région, peut-être même qu?il se rattache à un fait de l?histoire locale : hériter de ce nom, c?est, en quelque sorte, hériter de son passé ! «Ma twesakh-ch asem babak», avertit-on, (ne salis pas le nom de ton père) ; «kun kif djadek li teh?mel asmu» (sois comme ton grand-père dont tu portes le nom) ! Porter le nom de son grand-père ou d?un autre aïeul n?est pas une image, mais une réalité. Dans beaucoup de familles, aujourd?hui encore, on donne le nom des défunts aux nouveau-nés, en espérant qu?ils prendront leur place, «yekhelfu-hum !» Une expression dit, à ce propos, «khayr khalef li khayr ssalef» (excellente postérité pour excellente ascendance). Mais comme chacun sait, les descendants ne sont pas toujours dignes des ascendants et certains noms ne sont pas toujours bien portés !