Elles sont des centaines de familles à vivre dans ces endroits sombres et humides, à respirer en permanence des odeurs fétides et nauséabondes. Ils sont nombreux les Algériens qui ne savent pas ce qu?est évoluer dans un environnement sain et ensoleillé et mener une vie tout simplement normale. Y a-t-il une vie souterraine sous nos immeubles ? M. Zouaoui, chargé de la communication à Net-Com, un organisme chargé de la collecte des ordures au niveau de la capitale, pense que oui. «Des tonnes de détritus dorment effectivement dans la plupart des immeubles, ce qui facilite l?émergence et la prolifération des rats et autres bestioles nuisibles.» Ainsi, nos «voisins» s?appellent rats, chats, chiens et insectes qui se reproduisent à un rythme effréné avec un danger écolo-sanitaire imminent qui nous guette. L?autre décor, pas du tout beau à voir dans nos caves, c?est la présence de familles entières ou de nouveaux mariés, qui prennent possession de ces lieux «parce qu?ils n?ont pas où aller». Ces indus occupants, des «damnés de la terre» font, à coups de pelle et de pioche, des vides sanitaires des demeures sans boîtes aux lettres pour se marier, mener une vie de couple et ensuite avoir une ribambelle d?enfants. Enfin, troisième et dernier genre de voisins, ce sont évidemment les ivrognes, les SDF et les amateurs de longues beuveries qui profitent de ces espaces, depuis longtemps, à l?abandon, aux frontières infranchissables pour les camions de Net-Com et des autres parties chargées de la protection de l?environnement et du cadre de vie dans nos cités. Les tas d?immondices qui dorment depuis une éternité dans nos immeubles sont avant tout un souci de santé. «Les odeurs nauséabondes et irrespirables sont sources de maladies respiratoires comme l?asthme, et les locataires, surtout les enfants et les personnes âgées, sont exposés à ce danger imminent», affirme Mme Medjkane, docteur en maladies pulmonaires à l?hôpital El-Kettar, sur les hauteurs d?Alger. Un autre spécialiste, un architecte, cette fois, M. Khelfaoui du bureau d?études El-Amel de Blida, estime que l?existence des déchets solides sous nos immeubles constitue un danger pour la durée de vie même de l?immeuble en question. «L?eau stagnante, les moisissures et les déchets solides ont un effet direct sur l?effritement et la désagrégation graduelle des fondations et des piliers de la bâtisse. C?est pour cette raison que les spécialistes en construction insistent sur l?assainissement systématique des vides sanitaires», résume-t-il, confirmant de la sorte le risque majeur qu?encourent bon nombre d?Algériens.