Lutte La fin imminente du bras de fer engagé entre Bouteflika et Taleb au lendemain de la présidentielle de 1999 n?annonce pas la fin des hostilités entre eux. Quelque 17 mois après l?élection présidentielle de 1999, qui avait porté Abdelaziz Bouteflika à la magistrature suprême et à laquelle avait pris part Ahmed Taleb Ibrahimi, avant de se retirer à la toute dernière minute, le pouvoir signifie à ce dernier l?interdiction du parti qu?il venait de créer. Du coup, le siège national du mouvement Wafa, sis à El-Biar, fut mis sous scellés. 33 mois plus tard, et à moins de 9 mois de la présidentielle de 2004, les autorités procèdent à la levée de ces scellés. Une telle mesure suscite bien des interrogations : à quoi obéit-elle ? Pourquoi a-t-on choisi précisément ce moment pour la prendre ? Y a-t-il eu un nouvel élément à même de la justifier ? S?il est difficile de répondre aux deux premières questions, il n?en est pas de même pour la troisième. En effet, et de l?avis général, aucun fait nouveau en rapport avec le dossier du mouvement Wafa n?est intervenu ces derniers temps pour justifier la décision prise récemment par le pouvoir. Cela dit, il est acquis que Wafa aura son agrément dans les tout prochains jours. Pour autant, la fin imminente du bras de fer engagé entre Bouteflika et Taleb Ibrahimi au lendemain de la présidentielle de 1999 n?annonce pas la fin des hostilités entre eux. Bien au contraire. En perspective de la présidentielle de 2004 à laquelle le chef de l?Etat de même que le fondateur de Wafa comptent participer, les deux hommes se livrent, depuis un moment déjà, une bataille à distance, comme l?illustre cette visite effectuée dans la wilaya de Djelfa par Taleb Ibrahimi quelques jours seulement après que Bouteflika s?y est rendu. C?était au début du mois en cours lorsqu?il s?était déplacé, après une longue hibernation, dans une commune de Djelfa qui devait recevoir la visite du chef de l?Etat (qui a été annulée en fin de compte). C?est à partir de cette commune que l?ancien ministre des Affaires étrangères sous Chadli a fait part de son intention de se porter candidat à la magistrature suprême, tout en précisant que la décision finale sera prise à la fin du mois de septembre lors d?une rencontre qui le réunira à ses sympathisants. Nourrissant tous les deux l?ambition d?incarner la synthèse entre les valeurs arabo-musulmanes et la modernité, Taleb Ibrahimi et Bouteflika ne peuvent, dès lors, que se heurter dans leur quête de voix pour la prochaine présidentielle. En 2001 déjà, le fondateur de Wafa déclarait sur les colonnes du journal Le Monde à propos de Bouteflika qu?«on ne peut pas trouver des solutions à d?aussi graves problèmes (que la violence, l?emploi, le logement, la question de l?identité et celle des droits de l?Homme) par des voyages et des discours». Plus loin, et commentant le rapprochement du président de la République avec les islamistes, le promoteur de l?arabisation dans le courant des années 1970 dira que Bouteflika a introduit en Algérie «une troisième notion : une main éradicatrice dans un gant réconciliateur».