Le Président-candidat cherchera sans doute à avoir un quitus de la part de la population et des notables de la région. A quelques jours de la tenue du congrès extraordinaire du FLN et 48 heures après la sortie médiatique d'Ali Benflis, le chef de l'Etat se rend aujourd'hui à Batna, fief du secrétaire général du FLN. La démarche de Bouteflika, même si formellement, elle entre dans le cadre des déplacements présidentiels à l'intérieur du pays, n'en a pas moins une dimension éminemment politique en cette période pré-électorale, caractérisée par le bras de fer entre le président de la République et son ancien chef du gouvernement. En se rendant dans le fief du vieux parti par excellence, le chef de l'Etat attaque de front, pourrait-on dire, son principal concurrent à la prochaine élection présidentielle. En effet, la wilaya de Batna passe pour être l'une des citadelles les plus fortes du FLN, et ce, bien avant l'indépendance du pays. Il est un fait indéniable, notent de nombreux observateurs, que le score appréciable acquis par le chef de l'Etat dans cette région du pays lors de la dernière élection présidentielle est lié au soutien du FLN à sa candidature. En effet, les mêmes observateurs relèvent que les citoyens de Batna font montre d'une certaine discipline de vote et suivent généralement les mots d'ordre de la direction légale du FLN. Or, il se trouve que depuis quelques mois, la légalité est dans «l'opposition». Rien de plus normal donc que de voir les Batnéens afficher leur préférence pour le candidat officiel de l'ex-parti unique. D'autant plus que ce dernier a réussi le tour de force de faire échec à la tentative de récupération du parti par les membres du comité de redressement du FLN. Aussi, la récente démonstration de force qui a consisté en une rencontre du groupe parlementaire au complet de cette formation politique, tient lieu de blanc-seing accordé à Ali Benflis, ce qui, par ricochet, met cette personnalité politique en position de favori dans les prochaines joutes électorale, notamment à Batna, sa ville d'origine. Aussi, le déplacement de Bouteflika dans cette région-symbole de la lutte de libération nationale et de l'exercice du pouvoir après l'indépendance est un véritable coup de poker politique du chef de l'Etat, qui avance en terrain miné. Cela dit, Le Président-candidat est sans doute conscient de cet état de fait. Il cherchera à avoir un quitus de la part de la population et des notables de la région, mais son objectif essentiel demeure l'image qu'il compte donner de lui auprès de l'opinion publique nationale. Pour ce faire, Bouteflika dispose de la redoutable arme médiatique que sont les médias lourds. C'est ainsi que les Algériens verront sur leur petit écran des images aseptisées qui donneront au président de la République le beau rôle. C'est d'ailleurs le même procédé qui a présidé aux différentes visites présidentielles au pays profond. A Saïda, à Skikda et dans les autres wilayas, la télévision nationale s'est distinguée par une couverture en totale contradiction avec celle des confrères de la presse écrite. Aussi, Bouteflika à Batna n'est sans doute pas une sinécure pour le président de la République, mais il garantit au moins un effet médiatique positif à travers les médias contrôlés par l'Etat. Cela dit, au-delà des aspects strictement électoralistes, il convient de préciser que le bras de fer Bouteflika-Benflis entre dans une phase décisive. En effet au lendemain du 5 octobre, le secrétaire général du FLN sera officiellement désigné à la candidature à la magistrature suprême. Quelques jours avant cette confirmation, Bouteflika foule le sol de la citadelle du FLN par excellence. Les hostilités sont donc ouvertes.