Lors de sa conférence de presse, le général à la retraite a affirmé que le chef de l'Etat “a conduit le pays à la catastrophe”. Confiné jusque-là dans le rôle de simple observateur de la scène politique, comme il se qualifie lui-même, le général à la retraite Rachid Benyellès, connu essentiellement par ses sorties médiatiques, a décidé de se lancer dans la course à la magistrature suprême. L'ancien ministre des transports sous Chadli a annoncé, hier, sa candidature pour la prochaine élection présidentielle lors d'une conférence de presse animée à la Maison de la presse Tahar-Djaout, à Alger. Principales motivations pour la participation à la compétition électorale : “Empêcher Bouteflika de continuer à sévir contre ce pays pour cinq longues années encore et accéder à la magistrature suprême pour concrétiser les engagements contenus dans le programme détaillé qui sera rendu dans les prochains jours”, explique-t-il. “Il faut barrer le chemin à Bouteflika” Accompagné pour la circonstance de l'ancien chef du gouvernement Mokdad Sifi, de Chérif Belkacem, ancien membre du conseil de la Révolution, de Ali Yahia Abdenour, président de la ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH), de Mohamed Saïd, lieutenant de Taleb Ibrahimi, “présents à titre d'amis”, précise-t-il, Rachid Benyellès a dressé un constat des plus sévères du mandat de l'actuel locataire d'El-Mouradia. “Si M. Bouteflika n'est pas à l'origine du mal qui ronge le pays et le vide de sa substance, il est, par contre, directement et personnellement responsable de son aggravation, car, aux maux qui existaient déjà et auxquels il n'a apporté aucun remède, il en a rajouté d'autres”, dit-il. “Jamais le népotisme et le clanisme n'ont été pratiqués avec autant d'arrogance et de mépris pour l'opinion et jamais le régionalisme n'a été exacerbé à ce point (…)”, ajoute-t-il encore. C'est ainsi que Benyellès justifie son entrée dans l'arène. “On va essayer de sensibiliser le peuple pour barrer le chemin à Bouteflika. Il nous a conduits à la catastrophe”, soutient-il. Il est même hostile au report des élections. “Je suis contre le report. Il faut que Bouteflika parte dans les plus brefs délais.” Plus les candidatures se multiplient, et pour peu que les élections se tiennent dans la transparence, le natif de Tlemcen reste convaincu que l'actuel président ne passera pas. “Plus, il y aura des candidats crédibles, plus on va soustraire des voix à Bouteflika. Et si les élections se déroulent dans la transparence, je suis convaincu qu'il y aura un deuxième tour. Avec un bon report de voix, il ne va pas passer”, explique t-il. “L'armée n'a pas de candidat” Après avoir soutenu, il y a quelques mois, qu'entre Bouteflika et l'armée il y a “une entente”, Rachid Benyellès affirme, aujourd'hui, que “certaines divergences sont apparues, mais je ne sais pas depuis quand”. Selon lui, “l'armée n'a pas de candidat”. “J'ai reçu des garanties formelles que l'armée sera neutre. Et puis, ce qui me permet de croire à cette neutralité, ce sont les déclarations et les décisions prises par certains responsables”, reprend-il. “J'ai toujours des contacts avec des responsables militaires, mais j'ai la conviction que l'armée sera neutre”, dit-il. Il ajoute même que certains responsables sont avec lui. “Je ne sais pas s'il y a un clan avec moi, mais je pense qu'il y a beaucoup de militaires qui sont avec moi”, soutient-il. Toutefois, Benyellès craint même que cette “neutralité de l'armée” ne déteigne sur les élections avec le maintien de l'actuel exécutif. “L'ANP n'a pas de prise sur l'exécutif et l'administration, mais j'espère que dans l'avenir, ces anomalies (sic !) seront clarifiées”. “La neutralité de l'armée risque d'être un problème, si on laisse Bouteflika organiser les élections dans les conditions actuelles”, ajoute-t-il. Et comment compte-t-il contrecarrer l'exécutif et empêcher la fraude ? “J'espère, qu'une fois que tous les candidats seront connus, on tiendra une réunion pour élaborer une plate-forme et faire pression”, affirme Benyellès. “On ne va pas se taire, on va utiliser tous les moyens pour empêcher la fraude”. Dans le même contexte, il a indiqué que des contacts sont en cours entre lui et certains candidats, en vue d'une éventuelle alliance pour le second tour. “Ouyahia, un compère de choix de Bouteflika” Sur le soutien apporté par Ahmed Ouyahia à l'actuel président de la république, Rachid Benyellès a estimé que celui-ci “est un homme qui passe son temps aux basses manœuvres”. “Ce n'est pas une surprise, c'est un compère de choix de Bouteflika”, dit-il. Quant à Zerhouni, il s'est contenté d'affirmer : “Laissez-le dire ce qu'il veut.” Se qualifiant de “réconciliateur et qui le demeure”, Benyellès soutient, par ailleurs, que la “crise est politique qui nécessite un traitement politique”, que le courant islamiste est une réalité dans le pays. Toutefois, il considère “le retour du FIS non utile pour le pays”. Dans son programme, dont les grandes lignes ont été esquissées dans la déclaration préliminaire, le général à la retraite a indiqué que si jamais il est élu, “l'ANP qui restera à l'écart des luttes partisanes et politiques, sera consacrée dans le rôle de garante de la pérennité des institutions républicaines par la Constitution qui définira le cadre et les conditions de son intervention en cas de menace contre ces mêmes institutions”. Il s'est également prononcé en faveur de la décentralisation. “Tous ceux qui se sont sacrifiés pour ce pays doivent s'impliquer pour écarter Bouteflika”, a-t-il enfin conclu. K. K.