Résumé de la 3e partie Allaoua continue à faire la chasse aux jeunes filles pour les harceler. Sa dernière victime est un médecin qui vit seule avec ses enfants. Allaoua passa à l?attaque comme d'habitude. Mais, cette fois, il appela sa victime par son prénom. Elle le regarda d'un air étonné et se rendit compte qu'elle ne le connaissait pas. Son prénom, il avait dû l'entendre tout à l'heure. Elle lui dit de continuer son chemin et de la laisser tranquille, qu'elle n?avait pas le temps de discuter avec des inconnus. Rien n?y fit, il continua. Cette fois-ci, au lieu de rester sur place, il l'a suivie jusque chez le vieux, avec qui elle avait rendez-vous. Elle s'engouffra dans un immeuble, en ressortit trois quarts d'heure plus tard. Allaoua était toujours là. Il l'appela par son prénom à maintes reprises. Seul le silence lui fit écho. Elle longea deux immeubles et rentra chez elle. Elle se hasarda à regarder par la fenêtre en soulevant légèrement le rideau : il était toujours là. Le lendemain aussi. Il fallait qu'elle trouve immédiatement une solution à ce problème, sinon ses enfants risquaient d'en souffrir. Elle aurait aimé ne pas y donner suite, mais vivre en société est tout aussi agréable que dur. Il fallait que la morale soit sauve. Elle se sacrifiait tellement pour sa fille et son fils et travaillait inlassablement qu'elle forçait le respect. Le surlendemain, elle se décida à sortir au balcon et lui fit un beau sourire suivi d'un geste qui se voulait amical. Elle descendit vers lui. Allaoua jubilait, il avait éteint le moteur de son véhicule. La voilà sortant de l'immeuble, belle comme le jour, dans une robe verte assortie à la couleur de ses yeux, se dirigeant vers lui. Arrivée au niveau de la voiture, elle brandit soudain un pilon de cuivre et se mit, comme une furie, à lui fracasser les vitres et le pare-brise de la voiture. Elle rentra chez elle comme si de rien n'était. Les enfants du quartier achevèrent son «travail». Depuis la mort de son mari, elle était, tour à tour, l'homme de la maison, le père prévoyant de ses enfants et surtout la maman louve dont avaient tellement besoin ses petits chéris. Le corps couvert de débris de verre, saignant de partout, Allaoua réussit tant bien que mal à faire démarrer la voiture. Arrivé à la villa, son patron lui demanda des explications. Il murmura de façon inaudible: «Une femme, une femme?» - «Tu as osé recommencer, hein ! Tu pensais que je n'en savais rien. Niais que tu es, je t'ai pris chez moi à cause de l'ami qu'a toujours été ton père», lui dit-il essoufflé. Allaoua resta bouche bée. «Il savait donc !», pensa-t-il. Alors, son patron, donnant libre cours à sa colère, se jeta sur la gorge de Allaoua et faillit l'étrangler. «Maintenant, tu trimeras jusqu'à ce que tu rembourses jusqu'au dernier centime le montant des dégâts causés à la voiture», lui dit-il d'un ton menaçant. «Mais ne n'est pas moi, c'est elle...», bégaya-t-il. «Quoi ? En plus tu es lâche. La seule chose que je reproche à cette femme c'est de n'avoir pas causé autant de dégâts sur ta personne que sur la voiture. Ne sais-tu pas, pauvre idiot, qu'une femme peut aussi être un marchand de fèves.» «Encore cette histoire, mais enfin que veut-elle dire, tout le monde me la ressasse.» «Elle veut tout simplement dire que certaines gens pourraient, soit par faiblesse soit par peur, ne pas se défendre. En revanche, d'autres peuvent te faire payer très cher ton geste. Et cela, mon fils si tu ne l'as pas déjà compris, tu le comprendras très bien un jour, quand ta dernière heure arrivera. Certains marchands de fèves règlent leurs problèmes une fois pour toutes. Les fèves sont connues pour faire beaucoup de bruits quand on les mange», lui dit-il sur un ton plein de sagesse. Au bout de sept mois, Allaoua quitta son patron sans un sou en poche ; la voiture, quant à elle, était remboursée. Il se mit à la recherche d?un nouvel emploi. Il le trouva au bout de quelques semaines comme chauffeur dans une entreprise nationale. Dès qu'il avait un moment de libre, il s'adonnait à son jeu favori. Il finit par être connu de toutes les écoles, les instituts et les universités. Il ne lui restait que l'alternative d'aller en dehors d'Alger. Cette occasion, son travail allait la lui fournir. Il devait, de façon presque régulière, assurer des livraisons à des unités dans les villes et les wilayas voisines. Tantôt en milieu rural, tantôt devant une école, mais à chaque fois il se faisait rappeler à l'ordre dès qu'il se pointait devant une femme. Mais un jour, il ne revint pas de mission. Des recherches ont été entamées, en vain. Deux semaines plus tard, il fut retrouvé un couteau de cuisine en travers de la gorge en guise de signature, le corps en état de décomposition avancé. Seuls ses papiers permirent de l'identifier. Sa voiture ne fut jamais retrouvée. Un silence pesant marqua son enterrement, seule sa mère versa quelques larmes. Dès lors que quelqu'un s'avançait vers elle pour lui présenter ses condoléances, elle lui répondait : «Cela fait longtemps que j'ai perdu mon fils, on ne fait que l'enterrer aujourd'hui» Puis, portant la main sur la tête de son fils comme pour lui faire un ultime adieu, lui dit dans un murmure : «Je t'avais bien dit, à maintes reprises, de faire attention au marchand de fèves, mon fils, mais tu n'as jamais voulu écouter.»