Brutalité Ne l?ayant pas laissé aller jusqu?au bout, il l?a menacé de l?étrangler. Abdelkrim, âgé de huit ans, rentre en pleurs chez lui. Il est pieds nus et tient d?une main son pantalon défait. il se blottit contre son père et lui raconte son calvaire. Son père a de la peine à le croire, tellement les faits semblent invraisemblables. Que lui est-il donc arrivé ? C?est à 19 heures précises que Yahia frappe à la porte de la famille d? Abdelkrim. Yahia est un voisin de longue date, il est marié et père de trois enfants, avec une gentillesse infinie, il s?adresse au père en ces termes : «Je m?excuse, cher voisin, de frapper à ta porte, mais mon incommensurable besoin de cigarettes est le plus fort ! Et seul un fumeur comme toi peut me comprendre. J?ai oublié d?en acheter et je n?aime pas quémander. Comme mes enfants ne sont pas là, je demande la permission d?envoyer Abdelkrim au kiosque du quartier pour m?en acheter !». Le père de Abdelkrim n?y voit aucun inconvénient et autorise son gamin à aller acheter des cigarettes pour le voisin. Ce genre de service est quotidien et cela se produit dans toutes les villes et tous les villages d?Algérie. Ce village du sud ne fait pas l?exception. Une heure après sa sortie, le petit Abdelkrim n?était pas encore rentré chez lui. Son père commence à s?inquiéter, mais décide de temporiser car la nuit n?est pas encore complètement tombée. Quelques instants plus tard, le gamin rentre en courant comme s?il avait le diable aux trousses et raconte tout d?un jet : «Au lieu de m?envoyer au kiosque, comme il le prétendait, Yahia m?a fait entrer dans sa chambre et m?a ordonné d?enlever mon pantalon. Devant mon refus de m?exécuter, il a fermé à clef la porte. M?étant mis à crier, il m?a bâillonné avec sa main gauche, tandis que de sa main droite, il a défait mon pantalon et m?a fait des attouchements obscènes. Ne l?ayant pas laissé aller jusqu?au bout, il m?a menacé de m?étrangler. Avant qu?il ne mette ses menaces à exécution, il est sorti de la chambre et a fermé la porte derrière lui. Comme je connaissais très bien les lieux, vu que je joue avec ses enfants, je suis monté sur un tabouret se trouvant dans la chambre et je me suis enfui par une petite lucarne donnant directement sur la cour intérieure, j?ai escaladé le mur d?enceinte et j?ai pris la poudre d?escampette avant qu?il ne s?en rende compte !» En ouvrant la porte de la chambre, Yahia s?aperçoit avec stupeur que sa proie lui a échappé. Se doutant que le gamin allait l?accuser, il prend la fuite en escaladant, lui aussi, le mur d?enceinte. Le père de Abdelkrim s?introduit chez Yahia, le cherche pour l?abattre, en vain. De guerre lasse, il se fait délivrer un certificat médical et se rend chez les gendarmes pour porter plainte contre l?agresseur de son fils. De peur de se faire lyncher par la population, Yahia préfère se rendre aux autorités. Arrêté, il fut déféré au parquet et placé sous mandat de dépôt en attendant son procès.