Résumé de la 1re partie Sidi el-Hadj, un saint homme du désert, confie son jeune fils, Moussa, à une zaouïa qu'il charge de son instruction. La séparation est déchirante. L'enfant a de la peine à quitter sa mère, qu'il laisse sous la tente familiale, puis son père, qui le conduit à la zaouïa. Il s'accroche à lui, il pleure. ? Père, cher père ! ? Mon petit, apprends bien, deviens un grand savant ! Il le quitte, le c?ur déchiré, mais il sait que c'est pour le bien du petit. Il espère bien qu'un jour, il deviendra un grand savant que les gens du Sud vont vénérer comme un saint. Un saint qui, à sa mort, lui succédera ! Mais il sait qu?il lui manquera... Moussa, lui, est, dans la zaouïa, comme un orphelin. Il y a d'autres enfants dans l'établissement, mais il est le plus jeune. Il ne trouve donc pas de compagnon de son âge. De toute façon, il n'a pas envie de se mêler aux autres. Il veut rester seul avec sa peine et ses regrets. L'enseignement des zaouïas, à cette époque, était d'une grande sévérité. Basé essentiellement sur la répétition, il était demandé aux jeunes tolba de tout apprendre : des pages, des livres entiers. Une méthode qui n'était pas faite pour le jeune Moussa, certes naïf, mais habitué à la spontanéité. ? Tu dois apprendre ce livret, lui dit le maître qui s'occupe de lui. Demain, tu me le réciteras. Tu dois le savoir par c?ur ! Et quand tu l'auras appris, je te donnerai son commentaire que tu apprendras aussi ! Gare à toi si tu ne t'exécutes pas, tu recevras la falaqa ! La falaqa, Moussa ne la connaît pas encore : c'est le supplice préféré de ces maîtres cruels, qui emprisonnent les jambes des suppliciés dans des dispositifs spéciaux et leur infligent de douloureux coups de bâton sur la plante des pieds. L'enfant est effrayé, non seulement par les textes à apprendre, mais surtout par le ton menaçant du maître. Son père, à la voix et aux manières si douces, ne l'a pas habitué à tant de dureté ! Il est si effrayé qu'il touche à peine au repas qu?on sert. Dans la nuit, il essaye, à la lueur d'une chandelle, d'apprendre son livre, mais il n'y parvient pas. Il pense à son père et il a envie de pleurer. Il éteint sa bougie, met son livre sous la natte qui lui sert de lit et sort. Il fait froid, mais le grand air lui fait du bien. Il se met dans un coin et se plonge dans la contemplation du ciel étoilé. Où doivent donc se trouver, en ce moment, son père, ses frères et sa mère ? Ah, comme il regrette les nuits qu'il passait avec eux, dans le désert, à écouter les récits et les légendes que lui racontait son père? Comme il voudrait de nouveau être avec eux ! Comme il voudrait quitter cette zaouïa qui ressemble à une prison et ces maîtres qui lui paraissent si cruels ! «Père, soupire-t-il, viens me chercher !» Mais Sidi el-Hadj doit être loin d'ici ! Et puis, même s'il pouvait partir d'ici, il ne voudrait pas le décevoir. Son père tient tant à ce qu'il fasse des études, qu'il devienne un savant ! Il ne voudrait pas lui faire de peine. Il se met donc à pleurer et, oubliant le livre qu'il doit apprendre, il se laisse aller au sommeil. Il est réveillé par le froid matinal... (à suivre...)