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Une deuxième naissance
Publié dans Info Soir le 23 - 03 - 2005

Message Depuis son handicap, sa vie a basculé. Sam Djamel découvre l?artiste qu?il a toujours été. A travers ses tableaux, ses vers, il peint aujourd?hui cette souffrance silencieuse que dissimule tout invalide méprisé et mal aimé.
«Aussi longue que soit la distance. Aussi dures que soient les circonstances, nous resterons ensemble, les c?urs amarrés? L?histoire écrira, le temps témoignera que notre passion s?éternisera. Je vous ai dessinés sur le ciel, les brumes vous ont effacés, sur les sommets des montagnes, les neiges vous ont emportés, sur les sables, les vents vous ont balayés, sur les mers, les vagues vous ont noyés? Aujourd?hui, je n?ai que ce c?ur avide pour vous terrer.»
C?est la prose que dédie Djamel à ses compagnons de la Fédération nationale des handicapés moteurs qui l?ont aidé à faire naître l?artiste qui sommeillait en lui. A 15 ans, Djamel est victime d?un accident de train, il perd la phalange de son pied gauche, il ne peut plus marcher normalement. «J?étais un jeune sans scrupules. Mon handicap a fait basculer mon existence. Je suis devenu quelqu?un d?autre. Un être bien.» Ses yeux verts brillent.
Son regard se perd dans la salle, il semble rêvasser? «Ma vie était sans but, sans ambition, sans principes. Je me comportais mal avec les gens ! J?étais fort et agressif ! Après l?accident, je n?étais plus ce fort qu?on craignait, certains ont trouvé l?occasion de se venger, d?autres disaient que je méritais ce qui m?arrivait? Je n?ai pas tout de suite accepté mon handicap !» Son adhésion au mouvement associatif le met en contact avec d?autres handicapés et sa nouvelle vie lui fait découvrir, pour la première fois, la douleur, les larmes, le mépris, la solitude et la faiblesse. «Je jouais au foot, je courais dans tous les sens? En perdant mon pied, je n?étais plus libre. Mon handicap m?a alors permis de me servir d?autre chose, de mon c?ur, de mes mains et de ma tête, ce que je n?avais jamais pensé faire auparavant.» Djamel renaît et se métamorphose complètement.
Alors qu?il a toujours détesté l?école, il s?est mis à suivre de nombreuses formations. Actuellement, il est bardé d?attestations de sculpture sur bois, sur marbre et de dessin sur soie. C?est un as des dominos, de jeu d?échecs? «J?étais seul étant invalide, adhérer à l?association a donné un sens à ma vie. Je dessine pour m?exprimer, pour changer le regard des autres. J?écris, c?est un moyen de représenter une catégorie rejetée et méprisée. Désormais, tout ce que je fais a un sens. Il faut que les gens comprennent notre mal, que la société change. Je bouillonne, j?ai tant de choses à dire et à raconter. Cette pièce théâtrale dans laquelle j?ai joué n?est que le début d?un travail permanent.»


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