Créneau Certaines n?ont pas perdu leur temps pour changer carrément de carrière faisant face à des lendemains incertains. Hadjer, journaliste de formation, est une jolie jeune femme à la page qui a dû retourner chez ses parents dans sa commune d?El-Attaf, après ses études à Alger. «Pourtant, je pouvais très bien réussir en tant que journaliste, un métier que j?ai toujours aimé.» Après avoir travaillé dans un CEM durant deux ans, Hadjer a hiberné durant une année chez elle. «Je ne pouvais pas moisir, je devais bouger car je n?ai pas étudié pour rien. Je me devais de faire quelque chose, quitte à attirer toutes les malédictions de la société.» Au centre-ville de la commune, Hadjer a ouvert une boutique qu?elle a équipée de manière à attirer l?attention et s?est reconvertie à la bureautique. «Je me sens toujours dans mon métier, ma vocation. Je rédige des rapports et je ne risque pas d?oublier la rédaction. Quant à mon comportement envers les clients, il est des plus professionnels.» Les visites se faisaient nombreuses au début et même si elles gênaient Hadjer, elles ne l?ont jamais découragée. «Je faisais contre mauvaise fortune bon c?ur, ce qui m?a donné du courage.» De 9 h à 19 h, Hadjer est là, tout heureuse, se sacrifiant à son nouveau travail, loin de toute inquiétude. Elle a réussi à se faire respecter. «Je n?ai même pas voulu changer de look pour ne pas attirer les mauvaises langues.» Et les exemples de ces femmes, qui se sont dressées pour faire face à ces interdits instaurés par des hommes qui ont dû abdiquer après avoir constaté qu?ils ne pourront jamais arrêter le progrès, sont légion. Ainsi, Farida qui, sans un niveau d?instruction élevé, réussit à percer par sa seule volonté et à devenir chef d?entreprise. Kheïra, spécialiste en zootechnie, n?hésite pas à aller de lieu en lieu et sans aucune protection. «Je sais, dit-elle, qu?au premier plan, ma renommée est en jeu et un tout petit incident pourrait nuire à ma réussite. J?ai tenu le coup et les gens ont enfin compris que je ne suis là que pour leur bien, car il y va de leurs intérêts de me consulter respectueusement et Dieu merci, je suis arrivée à les tenir en respect», dit-elle fièrement. Quant à Zohra, elle devient photographe après avoir été caissière aux galeries. Elle est tout heureuse de sa réussite dans ce domaine où elle a débuté il y a 4 ans en exerçant ce métier durant les fêtes et au milieu des femmes, une action bénie même par les hommes. Pour rire, Zohra aime bien, de temps à autre, rappeler aux hommes qui viennent se prendre en photo, chez elle, leurs préjugés du début, en leur disant : «C?est strictement réservé aux femmes.»