Résumé de la 16e partie Placé en garde à vue Guy Georges avoua les meurtres de Pascale Escarfail et de Magali Sirotti, mais il nia les autres. Réinterrogé le 2 avril 1998 par les juges Thiel et Deparis, il nia tous les meurtres, même ceux qu'il avait précédemment avoués. Puis, il demanda à ce qu'un seul juge soit nommé pour tous les meurtres pour lesquels il était mis en examen. Il refusa obstinément de parler tant qu'il ne serait pas confronté à un seul et même juge. Car ce n'était pas le cas. Pas moins de trois juges d'instruction étaient désignés : Olivier Deparis, (pour le meurtre de Magali Sirotti), Martine Bernard (en charge du dossier Pascale Escarfail), et Gilbert Thiel (pour Catherine Rocher, Elsa Benady, Agnès Nijcamp et Hélène Frinking). Quant à l'affaire Estelle Magd, elle était encore en «flagrance», sous la direction d'un substitut du procureur, en attendant la nomination d'un juge d'instruction ! Le juge Thiel demanda à ses collègues de se dessaisir de leur dossier, mais ils refusèrent. Les familles des jeunes femmes assassinées s'indignèrent, d'autant qu'elles désiraient que Guy Georges soit jugé rapidement. La presse fit ses gros titres de cette situation surréaliste. Le parquet tenta alors d'intervenir auprès des juges. Il demanda au juge Deparis de se dessaisir au profit du juge Thiel, mais il refusa et se dessaisit au profit... du juge Bernard ! Celle-ci demanda alors au juge Thiel (qui était tout de même en charge de quatre affaires sur sept) de se dessaisir à son profit ! Et elle adressa une convocation à Guy Georges... Cette grotesque mascarade dura tout de même plusieurs semaines, faisant fi de la souffrance des familles, outrées par les ego mal placés et les jalousies absurdes. Leurs avocats demandèrent à la Chambre d'accusation de désigner le juge Thiel comme seul et unique juge et, le 30 avril 1998, la présidence du tribunal décida enfin de confier tous les dossiers au juge Thiel. Le 29 mai 1998, confondu par son ADN et après plusieurs heures d'interrogatoire, Guy Georges avoua les meurtres d'Agnès Nijkamp, d'Hélène Frinking et d'Estelle Magd. Il refusa de regarder les photos des corps que lui présentait le juge Thiel. Le 27 octobre, Guy Georges nia catégoriquement être l'agresseur d'Annie L., Estelle F. et Valérie L., bien que celles-ci l'aient reconnu. Le 17 novembre, encore après un long interrogatoire, Guy Georges avoua le meurtre de Catherine Rocher et, lors de sa confession plutôt confuse, donna des détails correspondant précisément au meurtre d'Elsa Benady. Il finit par avouer être également le meurtrier de la jeune femme. Le juge Thiel fut frappé par le manque visible de remords et d'émotion de Guy Georges. Il était incapable de reconnaître ses victimes sur les photos qu'on lui montrait. Le juge demanda à des psychiatres d'examiner le tueur en série. Ils le décrivirent comme quelqu'un de tellement «normal» et «cordial» qu'il les mettait mal à l'aise. Il présentait une sorte de double personnalité, comme si ce n'était pas à lui que l'on reprochait d'avoir assassiné sept jeunes femmes. Mais, conclurent les psychiatres, Guy Georges n'était absolument pas fou. Il était totalement sain d'esprit et extrêmement dangereux. Le 14 mars 1999, Guy Georges fut reconnu pénalement responsable de ses actes. (à suivre...)