Mémoire Machahou production a présenté, jeudi, en avant-première, à la salle L?Algéria, El-Manara, un film réalisé par Belkacem Hadjadj. El-Manara retrace l?histoire de Fawzi, Ramdan et Asma, un trio uni par les liens sacrés de l?amitié. Mais, cette amitié ne va pas tarder à se désarticuler et s?effilocher par la force des événements. Fawzi est un journaliste, un intellectuel démocrate ; Asma, devenue par la suite son épouse, est spécialisée dans les sciences humaines (sociologie et anthropologie) ; alors que Ramdan, médecin, finit par adhérer à la mouvance islamiste et devenir, ensuite, un terroriste. Ce trio inséparable au départ finit par se déboîter. Cette amitié à laquelle il croyait n?est devenue qu?une vague réminiscence, un lointain souvenir. Le film s?ouvre sur une Algérie qui allait connaître des changements, vivre le grand tournant de son histoire, il s?ouvre à la veille du 5 octobre 1988 ; plus tard, les événements s?enchaînent et se succèdent dans une série de situations et de faits à l?image même de ce que nous avons vécu du 5 octobre au printemps démocrate, des élections législatives de 1991, de leur annulation à l?assassinat de Mohamed Boudiaf pour basculer dans le terrorisme. Le film effectue sans fatuité quelconque et sans aucune prise de position aussi bien culturelle qu?idéologique une chronologie d?une réalité que nous avons vécue et dont nous portons jusqu?à présent les stigmates ; il raconte la tragédie algérienne, avant et pendant le terrorisme. Il se veut un témoignage de ce passé douloureux et éprouvant. Refusant d?utiliser l?image comme outil de dénonciation ou d?accusation, ou même de propagande, le film met l?accent sur cette nécessité ? et ce besoin ? de raconter l?histoire, de l?écrire aussi bien par les mots qu?en image, de la témoigner pour ne pas l?oublier. Il y a un devoir de vérité et de mémoire, aussi. Mettant en scène un jeu efficace, chargé de naturel et d?émotion et même de vérité, El manara se situe à la croisée de deux modes ? ou genres ? d?expression cinématographiques : il est à la fois un documentaire puisqu?il y a ce souci de documenter le film, de l?alimenter en faits et en l?authenticité des situations, et une fiction puisqu?il raconte une histoire imaginée, montée de toutes pièces, une histoire qui, cependant, s?inspire de la réalité et qui a été sans nulle doute déjà vécue autrement par les victimes d?une idéologie prônant le terrorisme comme fin politique.