Considérée dans le monde des médias comme la référence absolue, la British Broadcasting Corporation (BBC) a-t-elle commis sa première faute en défendant envers et contre tous un journaliste vedette qui affirmait ? sans vouloir révéler ses sources ? que le gouvernement Blair avait délibérément maquillé les estimations des services de renseignement sur les armes de destruction massives irakiennes ? Les tabloïds ? qu?on ne savait pas aussi soucieux de l?éthique de l?information ? se déchaînent contre les «rats» d?une institution, drapée dans une déontologie à deux vitesses, qui aurait contribué au suicide d?un informateur clé. Ce qui est certain c?est que le présidentde la BBC, l?économiste Gavyn Davies, le directeur général Greg Dyke et le directeur de l?information Richard Sambrook se sont expliqués avec leur journaliste star Andrew Gilligan devant la commission confiée à un haut magistrat. C?est un ancien journaliste de la maison, le ministre des Affaires européennes Denis MacShane, qui mène la contre-offensive gouvernementale. Mais il en faudra beaucoup pour faire plier la BBC, ce mastodonte employant près de 24 000 salariés et dont la couverture de la guerre contre l?Irak, via BBC World, a relégué CNN à l?état de télé serve. Nommés par la reine sur recommandation ministérielle, les douze membres du Conseil des gouverneurs, qui ont résisté à Margaret Thatcher, mettront sans doute leur point d?honneur à défendre l?actif le plus précieux de la BBC, son indépendance.