Résumé de la 10e partie Le magicien africain tira un anneau qu?il avait au doigt et le passa à l?un des doigts d?Aladdin en lui disant qu?ainsi il sera préservé contre le mal. Les arbres de ce jardin étaient tout chargés de fruits extraordinaires. Chaque arbre en portait de différentes couleurs : il y en avait de blancs, de luisants et transparents comme le cristal ; de rouges, les uns plus chargés, les autres moins ; de verts, de bleus, de violets, de tirant sur le jaune et de plusieurs autres sortes de couleurs. Les blancs étaient des perles ; les luisants et transparents des diamants ; les rouges les plus foncés des rubis ; les autres moins foncés des rubis balais ; les verts des émeraudes ; les bleus des turquoises ; les violets des améthystes ; ceux qui tiraient sur le jaune des saphirs ; et ainsi des autres et ces fruits étaient tous d'une grosseur et d'une perfection à quoi on n'avait encore rien vu de pareil dans le monde. Aladdin, qui n'en connaissait ni le mérite ni la valeur, ne fut pas touché de la vue de ces fruits, qui n'étaient pas de son goût comme l'eussent été des figues, des raisins et les autres fruits excellents qui sont communs dans la Chine. Aussi n'était-il pas encore dans un âge à en connaître le prix ; il s'imagina que tous ces fruits n'étaient que du verre coloré et qu'ils ne valaient pas davantage. La diversité de tant de belles couleurs, néanmoins, la beauté et la grosseur extraordinaires de chaque fruit lui donnèrent envie d'en cueillir de toutes les sortes. En effet, il en prit plusieurs de chaque couleur, et il en emplit ses deux poches et deux bourses toutes neuves que le magicien lui avait achetées avec l'habit dont il lui avait fait présent, afin qu'il n'eut rien que de neuf ; et, comme les deux bourses ne pouvaient tenir dans ses poches, qui étaient déjà pleines, il les attacha de chaque côté a sa ceinture ; il en enveloppa même dans les plis de sa ceinture, qui était d'une étoffe de soie ample et à plusieurs tours, et il les accommoda de manière qu'ils ne pouvaient pas tomber, il n'oublia pas aussi d'en fourrer dans son sein, entre la robe et la chemise autour de lui. Aladdin, ainsi chargé de tant de richesses sans le savoir, reprit en diligence le chemin des trois salles pour ne pas faire attendre trop longtemps le magicien africain, et, après avoir passé à travers avec la même précaution qu'auparavant, il remonta par où il était descendu et se présenta à l'entrée du caveau où le magicien africain l'attendait avec impatience. Aussitôt qu'Aladdin l'aperçut : «Mon oncle, lui dit-il, Je vous prie de me donner la main pour m'aider à monter.» Le magicien africain lui dit : «Mon fils, donnez-moi la lampe auparavant ; elle pourrait vous embarrasser. ? Pardonnez-moi, mon oncle, reprit Aladdin, elle ne m'embarrasse pas ; je vous la donnerai dès que je serai monté.» Le magicien africain s'opiniâtra à vouloir qu'Aladdin lui mît la lampe entre les mains avant de le tirer du caveau, et Aladdin, qui avait embarrassé cette lampe avec tous ces fruits dont il s'était garni de tous côtés, refusa absolument de la donner qu'il ne fût hors du caveau. Alors le magicien africain, au désespoir de la résistance de ce jeune homme, entra dans une furie épouvantable : il jeta un peu de son parfum sur le feu qu'il avait eu soin d'entretenir, et à peine eut-il prononcé deux paroles magiques que la pierre qui servait à fermer l'entrée du caveau se remit d'elle-même a sa place, avec la terre par-dessus, au même état qu'elle était à l'arrivée du magicien africain et d?Aladdin. (à suivre...)