Résumé de la 2e partie Les deux garçons ont avoué : chacun a tiré une balle ; ils partagent donc la responsabilité du parricide. C'est l'une des filles qui le révèle. Elle n'habite plus la maison, elle est partie, jeune, loin de ce foyer pesant et ce qu'elle dit au juge d'instruction tinte différemment : «Je suis partie à cause de ma mère, qui ne pensait qu'à me prendre ma paye. Ils se disputaient tout le temps pour des histoires d'argent, de livret de Caisse d'épargne. Je n'avais pas de nouvelles de papa depuis longtemps, mais quelques jours avant sa mort, il m'a téléphoné. Il était complètement déprimé, il m'a dit : ?C'est fou ce qui m'arrive, je cherchais des papiers et j'ai découvert que ta mère transférait de l'argent du compte joint sur un compte personnel ! J'ai découvert qu'elle avait été condamnée à une amende pour une histoire d?héritage dans sa famille. Il n?y a que l?argent qui compte pour elle. Est-ce que tu peux m?aider ? Il faut que je trouve un studio ; cette fois, je demande le divorce, je vends la maison !?» Et la jeune fille se déclare partie civile contre le reste de sa famille. Elle ajoute : «Mon frère Christophe, ma mère ne l'aimait pas. Elle ne m'aime pas non plus. Nous ressemblons trop à papa. Tout ce qu'elle voulait, c'était l'argent qu'on gagnait et la maison. La maison, c'était tout pour elle. Quand mon père a découvert ce qu'elle faisait, il a dû lui dire qu'il allait divorcer et vendre le pavillon. Alors, elle les a poussés à agir. Papa n'osait même pas se plaindre, mes frères auraient été contre lui de toute façon, mes s?urs aussi. Elle a toujours dominé tout le monde. Il faut lui obéir, sinon on le paye cher.» Le juge d'instruction va donc s'intéresser de plus près à la personnalité de la mère. Une tante brosse un portrait du couple, qui a le mérite de la logique : «S'il avait essayé de la battre, ce n'est pas lui qui aurait eu le dessus !» Un collègue de Marie précise qu'elle est autoritaire et a un goût du pouvoir démesuré. Peu à peu, comme des fissures dans un mur apparemment solide, apparaissent d'autres caractéristiques de la personnalité de la mère. Ni femme battue ni faible femme. Autoritaire, possessive, régnant sur ses enfants et son mari à la manière d'un Barbe-Bleue. Raflant les payes pour les enfermer dans un tiroir. Trompant son époux depuis des années. Montant les enfants contre lui. Lui prenant son argent peu à peu, et le jour où il se rebiffe... se servant de ses fils pour l'éliminer. Elle n'a eu qu'à dire : «Il est ivre ce soir, il va me tuer...» La mère est assise sur le banc de bois, en noir, comme ses deux filles. Enigmatique. Dure. Elle écoute attentivement les témoignages, au procès de ses deux fils, le regard rétréci de haine. Le jury ne s'attendait pas à ce vilain déballage de linge sale. Et à devoir démêler un complot de famille aussi sordide, visant à la mort du père. La compagne de Christophe, l'aîné des meurtriers, révèle : «J'ai entendu sa s?ur lui dire : ?Si tu le tues, ne le rate pas !?» La plus jeune des filles, mineure à l'époque du crime, ajoute : «Ma s?ur a dit à Christophe : ?Tu vas pas te dégonfler maintenant ??» Pourquoi le déclarer à l'audience, alors qu'elle n'a rien révélé à l'instruction ? «Parce que j'avais peur de ma mère. Je vivais à la maison et elle avait dit qu'elle me mettrait dehors si je racontais ça. Maintenant, je suis majeure et je peux dire qu'on a poussé mes frères à faire ça.» «On», mais qui ? La mère seule ou la mère et les filles ? Ou la mère, les filles et les fils ? S'agit-il d'une longue intoxication, d'un pouvoir absolu, d'une domination maternelle si puissante que tous ont cru, sans se poser de question, que leur père était toujours saoul, battait leur mère et allait la tuer un jour ? Jusqu'au jour fatidique où les unes se décident à pousser les autres au crime, non pas parce que le père va tuer, mais parce qu'il va divorcer, vendre la maison, mettre tout le monde dehors. (à suivre...)