Artisan bijoutier, Hamid (38 ans), trapu, petite barbe impeccablement taillée, a commencé «par plaisir», assure-t-il, à consommer du kif dès 1986 de façon régulière. «Jusque-là je ne me sentais pas vraiment menacé, je travaillais et j'étais stable, le cannabis ne paraissait pas m'avoir pris au piège.» Mais Hamid avait déjà succombé à la tentation, ce qui aiguisa ses penchants pour de nouvelles et plus intenses sensations quand son associé et meilleur ami, revenant un jour d'Istanbul, lui proposa de? l'héroïne. Dès cet instant, ce fut la descente aux enfers. «J'ai commencé à faire ce que jamais je n'aurais imaginé faire, avoue-t-il gesticulant gravement, j'ai commencé à me piquer !» Approvisionné, «grâce» à son «fournisseur», il en devint vite accro, tant et si bien qu'il finit par quitter son activité, et se faire chasser de chez lui après que ses parents épouvantés le surprirent, seringue en main, et enfin par se retrouver en prison pour détention, consommation et commercialisation de stupéfiants. Incarcéré pour une durée de 2 ans, fin 1990, il n'en purgea que 20 mois, ayant bénéficié de la grâce présidentielle. Dès sa sortie de prison, il tente de se réconcilier avec sa famille et parvient même à fonder une famille en 2002. «Je me suis retrouvé père de famille, et ça ne m'a pas empêché de rechuter !», s'étonne-t-il lui-même. Nouvelle situation de stress due aux responsabilités, qui plus est, dans le quartier de ses déboires (La Casbah), des conditions fragilisantes en fait. Mais quoi de plus motivant qu'un enfant pour Hamid qui, en est à son 15e jour de sevrage dans le centre avec la manifeste détermination «de ne plus y toucher».