Limites En deux jours, le football algérien des clubs a laissé sur le carreau trois formations. Un indicateur de plus pour ceux, incrédules, qui pensaient que le ballon rond, chez nous, avait amorcé un saut qualitatif. Ils n?ont, certes, pas vraiment déçu, mais ils nous ont, encore une fois, frustrés. Une fois mis devant leurs responsabilités et dans les meilleures conditions, une fois poussés à leurs limites et décomplexés, les joueurs algériens sont capables de rivaliser avec plus fort qu?eux, mais pas plus a priori. Avouons que la plupart des observateurs n?avaient pas misé gros sur nos représentants dans les compétitions de clubs à l?occasion des matchs retour qu?ils disputaient hier et avant-hier. Il y en a même qui présageaient quelques raclées au passage, mais malheureusement pour eux ils n?ont pas été servis. L?USM Alger a manqué de stratégie, le MC Oran a oublié son réalisme au match aller et le MC Alger a joué de malchance lors d?une fatidique séance de tirs au but. Ce n?est donc pas cette année que le football algérien des clubs sera couronné à l?échelle africaine, du moins en Ligue des champions, ni à l?échelle arabe, même s?il reste à l?USMA à disputer les rattrapages en Coupe de la CAF, une compétition reformatée et qui pourrait être une bonne rampe de lancement pour un club à la recherche d?un succès continental. Aujourd?hui, la Coupe de la CAF n?est pas rien et il ne faut donc pas cracher dans une soupe qui peut vous donner des forces et des idées pour vous préparer à décrocher, un jour, le sacre suprême, celui des champions. Pour en revenir à l?élimination de nos trois clubs, il faut dire qu?il leur manquait le conditionnement qui accompagne souvent les grandes équipes et surtout des paramètres de grandeur, des sortes de dogmes qui font de la réussite non pas un coup du hasard ou un sursaut d?orgueil, mais plutôt un investissement qui rapporte. Pour passer des tours, les uns plus difficiles que les autres, pour gagner des titres suprêmes, il faut des arguments plus solides qu?un conditionnement à travers une presse qui s?enflamme à tout bout de champ ou un environnement loin d?être professionnel, ni dans sa conception ni dans son fonctionnement. Nos trois clubs ont eu, dans l?ensemble, chacun l?occasion de changer son destin au lieu de se laisser prendre dans de petits calculs (USMA) ou dans une fausse crise existentielle (MCA) ou bien dans de la facilité d?amateur (MCO). L?USMA aurait pu jouer au stade du 5-Juillet, Braham-Chaouch aurait pu être plus professionnel en évitant au moins un carton et les Hamraoua auraient dû corser la mise lors de la première mi-temps du match aller. Rigueur, professionnalisme, technicité, mental de conquérant sont autant de paramètres qui permettent aux plus grands de prendre des options ou de renverser la vapeur. Et c?est ce qui manque à un football qui ne travaille pas assez (ou qui ne peut pas travailler assez) et qui s?englue dans des problèmes et des faux problèmes pas possibles (corruption, violence, programmation, arbitrage, formation, infrastructures et encadrement?). C?est bien beau aussi d?accomplir une omra lorsqu?on a la latitude de joindre l?utile (la compétition) à l?agréable (le rituel), mais faut-il envoyer tous les footeux de ce pays pour se purifier la tête et les pieds et moraliser un sport de plus en plus souillé ? Pas très sûr lorsqu?on connaît le nombre de corrompus et de corrupteurs, de médiocres et d?incompétents, d?hypocrites et d?arrivistes qui foisonnent dans le «milieu». J?en passe volontiers. Les instances du sport et du football ont, en tous les cas, de quoi se décarcasser pour réagir contre la corruption, cet autre mal qui risque de renvoyer la balle ronde, chez nous, à des années-lumière du haut niveau. Prenons exemple sur la fédération française qui, apprenant la sanction infligée à Barthez pour crachat sur un arbitre marocain, s?est révoltée et a fait appel. Le mauvais exemple et l?image moche présentée par le gardien champion du monde ont pris le dessus sur tout le reste, sans oublier les règlements qui sont faits pour être appliqués et non pas pour être détournés. N?est-ce pas ? Le football algérien est devenu petit, qu?on le veuille ou non, et pour grandir, il lui faut beaucoup d?efforts et de sacrifices. Sa sélection nationale (pour ne pas dire toutes ses sélections) n?est pas non plus au dispason puisque même sa participation à la CAN-2006 est loin d?être acquise, c?est dire que le mal est national et plus profond que veulent minimiser certains.