Prudence La plupart des citoyens interrogés sur le projet se montrent sceptiques. Ils veulent, sans doute, s?épargner une énième déception. Cependant, une lueur d'espoir demeure en chacun d?eux. «Qui sait !», se dit le citoyen. La plupart des personnes interrogées expliquent leur désillusion par «l'épisode de l'Aadl». Il faut dire que les multiples promesses non tenues ont achevé les attentes des plus optimistes. Kader Lalam, marié, loge dans un F2 Place du 1er-Mai. «J'occupe une chambre avec mon épouse, le reste de la famille occupe le salon et le couloir.» «Pour ce qui est du projet, je n?y crois pas». Il montre la fontaine de la place du 1er-Mai «Elle est en construction depuis une année. Ils n'ont même pas réussi à placer une fontaine, alors comment voulez-vous qu'ils construisent un million de logements en cinq ans ?» Fatiha, est veuve, elle travaille à la BNA. Elle habite un F1 à Oued Ouchayeh et élève toute seule ses trois enfants. «Depuis 1994, je cours derrière le logement social auquel j'ai droit. L'Aadl, sur laquelle j'ai fondé tous mes espoirs, m'a déçue. Ils n'ont même pas commencé les travaux depuis 2001.» Elle est désenchantée. «Mais je garde la foi et j'espère que ce projet réglera définitivement cette crise. Car ce n'est pas évident de vivre avec mes enfants adolescents dans une même pièce». Pour Sabrina, c?est le doute total : «Franchement, je ne crois en rien et même si je ne suis pas touchée de près par ce problème, je souhaite tout de même avoir mon appartement pour être indépendante.» Même son de cloche du côté de Mustapha, chauffeur :«Je ne crois qu?au concret. Lorsque j?aurai les clefs de l'appartement, ce jour-là, je croirai». Siham travaille dans la secteur de la communication, elle loge dans un F1 en location à Alger-Centre, pour l'équivalent de son salaire, car «je n'ai pas le choix. Heureusement que mon père m'aide». Elle ne fonde aucun espoir sur ce projet. D'ailleurs, «je n'en ai même pas entendu parler». Même réponse de la part de Zine, retraité, il ne veut pas quitter le logement de fonction qu'il occupe «Pour aller où ?» Interrogé sur le projet, il répond : «J'espère qu'ils réussiront un tel défi. Mais mes appréhensions se rapportent à l?après. Il y aura un grand problème auquel ils devront faire face : la distribution. On est habitué aux passe-droits. Les plus épaulés y auront droit, les autres attendront un autre programme».