La tradition algérienne connaît, comme le reste du monde musulman, les plus beaux noms de Dieu, ou Al-Asma? Al-Husna. Par ces mots, on invoque la divinité, pour magnifier Sa Puissance ou demander Sa Miséricorde. Si certains noms, comme Al-Mumit (celui qui fait mourir) sont seulement récités dans les invocations, d?autres sont entrés dans la langue populaire et servent parfois d?interjection. Le cas le plus connu est celui de Al-Hafidh (celui qui conserve), que l?on trouve sous la forme d?une interjection : «Ya Hafidh» (ô Toi Qui conserves) pour marquer sa réprobation ; d?ailleurs, l?expression est souvent renforcée par une autre : «Ya Settar» (ô Toi Qui sauvegardes) répétant en quelque sorte la première pour l?appuyer. «Ya Hafidh ya Settar» signifie ainsi «ô Toi, Le Protecteur, celui qui conserve, sauve-nous !», sous-entendu de ce que les gens font ou disent comme mal. Un autre nom divin, Al-Djebbar, compris à la fois au sens de «Celui Qui contraint» et de «Celui Qui rétablit les préjudices subis» (d?où le mot dialectal djebbar «celui qui rétablit les os cassés ou rebouteux») est pris dans le même sens : «Ya Djebbar» est un appel pour s?en remettre à Dieu ou dénoncer une injustice ! Cri d?indignation, d?émerveillement ou encore de remise à Dieu est le très employé «ya Latif !». Al-Latif signifie, au propre, «mince, délicat, subtil» et, de là, «plein de bonté, qui traite les autres avec bonté et mansuétude» : en tant que nom de Dieu, il signifie «Le Bienveillant, Le Bon». Quand on ne supporte pas la vue de quelque chose ou qu?on est rebuté par un fait, on en appelle à la bonté et à la bienveillance divines !