Boycott Des centaines de magistrats menacent de ne pas superviser le scrutin, si le gouvernement n'amende pas les lois limitant leur pouvoir. «Nous voulons un pouvoir judiciaire réellement indépendant à travers lequel nous pouvons protéger les libertés et les droits de l'Homme», a déclaré le magistrat Hossam al-Ghiriani lors d'une réunion du Club des magistrats à Alexandrie à laquelle ont participé quelque 1 200 membres. Club tient lieu de Syndicat de la magistrature à Alexandrie. Cette menace risque de perturber les élections présidentielle et parlementaires prévues dans le courant du dernier trimestre 2005, la loi prévoyant qu'elles soient supervisées par la justice. Les juges ont surtout demandé au gouvernement d'amender les lois qui limitent leur autorité et l'exercice de leurs droits politiques. Selon eux, ces lois ne garantissent pas la tenue d'élections honnêtes et libres. Ils se sont plaints du fait que les liens étroits entre l'Exécutif et l'appareil judiciaire les empêcheraient de superviser les élections de manière indépendante. «Il ne peut y avoir de marchandage sur une supervision totale des élections par l'appareil judiciaire. Toute réforme politique significative doit en premier lieu assurer l'indépendance des juges», a affirmé M. Ghiriani. En février, le président Hosni Moubarak avait demandé au Parlement de modifier la Constitution en vigueur pour permettre l'élection du chef de l'Etat au suffrage universel direct. Les autorités ont annoncé leur intention de confier la supervision des prochains scrutins à des magistrats égyptiens, en récusant la présence d'observateurs internationaux réclamée par l'opposition. «Les élections doivent être supervisées entièrement par le pouvoir judiciaire, de l'établissement des listes des votants jusqu'à l'annonce des résultats», a déclaré le juge Mahmoud Attiya Abou Choucha. «Nous voulons un véritable contrôle du processus (électoral), sinon nous nous retirerons», a indiqué de son côté le juge Mahmoud Mekki. Le gouvernement envisage de former un comité électoral pour organiser toutes les élections à l'avenir, mais son insistance pour inclure des «personnalités publiques» a irrité de nombreux juges. Pour ces derniers, la totalité des membres d'un tel comité doit être des juges élus par des collègues et non désignés par le ministre de la Justice. Les juges d'Alexandrie ont appelé leurs collègues du Club du Caire à une réunion le 13 mai afin de les convaincre de se joindre au mouvement de protestation.