Ce qui n'était qu'une simple rumeur commence à prendre la forme d'une réalité, à bien lire les déclarations du raïs égyptien au journal koweitien “Al Siyassa”, au sujet d'une éventuelle candidature de Gamal Moubarak, le fils du raïs, à la magistrature suprême. Hosni Moubarak a saisi l'opportunité de l'adoption des amendements de la Constitution égyptienne, notamment l'article 76, qui ouvre la voie à d'autres candidatures à l'élection présidentielle pour évoquer celle de son fils. Pourtant, il s'était formellement prononcé, il y a quelques mois, contre “l'héritage du pouvoir”. Selon le journal koweitien, “le président Moubarak ne manifeste plus aucune susceptibilité à ce sujet, maintenant que tout le monde est égal devant le scrutin et qu'il ne s'agit plus d'héritage du pouvoir”. Certes, il ne s'agit pas d'un héritage direct, comme c'est le cas dans les monarchies, mais toutes les conditions ont été réunies pour ouvrir la voie de la succession devant le fils Moubarak. Mais, rien n'indique que celle-ci se fera à l'occasion de la prochaine élection présidentielle. Ce qu'il y a lieu de retenir de la sortie médiatique du président, c'est sa prestance à léguer son fauteuil à son fils, qui a fait main basse sur le Parti national démocratique au pouvoir. “Mon fils peut se présenter comme n'importe quel autre citoyen”, a déclaré le raïs, sans la moindre réticence. Ceci étant, Gamal Moubarak avait catégoriquement écarté sa candidature, le 23 mars dernier, en déclarant : “Je ne suis pas candidat. Je l'ai répété à plusieurs reprises. Je le redis encore aujourd'hui.” Reste à savoir s'il ne s'agit pas là de manœuvres politiciennes pour brouiller les pistes à quelques mois du déroulement du scrutin prévu en septembre prochain. En effet, le raïs déroute les observateurs en évoquant, à la fois, sa candidature et celle de son fils en affirmant : “J'implore Dieu pour qu'il y ait un autre candidat à part moi.” L'information essentielle est la confirmation de son intention de postuler à un cinquième mandat, lui qui laissait planer le doute à ce sujet. Mais, il n'en demeure pas moins qu'il est difficile d'imaginer la présence des deux Moubarak sur la liste électorale. Pendant ce temps, les magistrats égyptiens ont renouvelé, hier, leurs menaces de ne pas superviser les élections présidentielles et législatives, s'ils n'obtiennent pas les garanties d'indépendance qu'ils réclament. “Nous avons tous décidé que les magistrats ne superviseront pas les prochaines élections, avant d'avoir obtenu les garanties d'indépendance que nous réclamons. Nous nous déchargerons, ainsi, devant le peuple, de toute responsabilité”, a déclaré le juge Mahmoud Mekki, en séance plénière après d'ultimes délibérations. Les magistrats, qui avaient proféré leurs menaces de boycottage des prochaines élections, pour la première fois, le 6 avril, les ont renouvelées le 13 avril à Alexandrie avant de les confirmer, vendredi au Caire, lors de cette réunion extraordinaire. Si ce bras de fer entre les magistrats et le pouvoir persiste, Hosni Moubarak aura toutes les peines du monde à respecter son calendrier électoral. K. A.