Coup dur pour Moubarak. Les magistrats égyptiens ont rejoint les rangs des partisans des réformes politiques, exigeant une réelle séparation des pouvoirs et menaçant de ne pas superviser les prochaines élections présidentielles et législatives. Il ne peut y avoir ni démocratie ni élections honnêtes sans magistrature indépendante, estime le Club des magistrats, qui tient lieu de syndicat de la magistrature, a rapporté l'Agence France presse. Ce club a soumis, le 20 mars à l'Assemblée du peuple, via un député de la gauche nassérienne, un projet de loi pour garantir l'indépendance du pouvoir judiciaire, qu'il espère voir adopté avant la fin de la législature actuelle, en juin. Une première dans le monde arabe : le texte réclame la réduction des pouvoirs du ministre de la Justice sur le corps judiciaire, l'indépendance financière des magistrats et l'élection des présidents de cours au lieu de leur nomination par le ministre. Pour les magistrats en rébellion, il ne peut y avoir de démocratie sans magistrature indépendante, honnête et compétente. La Constitution a beau énoncé l'indépendance de la justice, mais, dans les faits, c'est tout le contraire, comme dans le reste des pays arabes, où les régimes n'ont sacrifié qu'aux procédures démocratiques et à ses formes. Les magistrats sont mis au pas par le jeu des nominations et révocations. Mais comme tout a une fin, des magistrats ont choisi de se mettre à l'air du temps et d'exiger de véritables réformes. En d'autres temps, ils auraient été mis au cachot et ils ont d'autant plus espoir que le contexte international est propice à leur démarche avec les incessantes exhortations des Etats-Unis et de l'Europe en faveur du changement et de la démocratie dans le monde arabe. Le vice-président de la cour de cassation s'est même permis de révéler à la presse étrangère que les magistrats égyptiens font un lien entre l'indépendance de la magistrature et les prochaines élections. Sans magistrature indépendante, ni les présidentielles ni les législatives ne seront honnêtes, depuis l'établissement des registres électoraux, jusqu'à la proclamation des résultats, s'est-il permis de commenter. Le projet de loi des magistrats rebelles supprime toute tutelle ministérielle sur la nomination des magistrats, y compris les sept plus importants dans la hiérarchie judiciaire, ainsi que sur la désignation du procureur général de la République, qui occupe des fonctions aussi stratégiques que le Président de la République, qui devront tous être élus. Des élections législatives et présidentielles doivent se tenir en Egypte, dans le courant du dernier trimestre 2005. Moubarak a annoncé son intention de confier la supervision de ces scrutins à des magistrats égyptiens, récusant la présence d'observateurs internationaux, réclamée par l'opposition. D. B.