D?après une recherche du journal The Economist, le Japon s?est excusé officiellement à 17 reprises pour la barbarie qui a accompagné l'occupation de la Chine. Après trois semaines de manifestations anti-japonaises, à Pékin et dans plusieurs villes de Chine, le Premier ministre nippon, Junichiro Koizumi, a exprimé, le 22 avril dernier, son «profond remords» et ses «excuses sincères» pour les atrocités commises par les troupes de Tokyo, en particulier pendant la Seconde Guerre mondiale. Ses paroles rappellent le «profond remords» et les «excuses sincères» évoqués par son prédécesseur, Tomichi Murayama, en août 1995, ainsi que le «remords» éprouvé, la même année, par Hisashi Owada, un ancien diplomate devenu juge à la Cour internationale de justice à La Haye. Voilà des années que les dirigeants de Tokyo présentent des excuses pour la barbarie qui a accompagné l'occupation de la Chine, à partir de 1937, et la colonisation de la Corée, de 1910 à 1945. Mais leurs paroles ne sont pas entendues. Ou plutôt, leur sincérité est toujours mise en doute. A l'image de l'Allemagne à l'issue de la Seconde Guerre mondiale, le Japon a vu une partie de ses leaders condamnés à mort pour crimes contre l'Humanité. Comme les Allemands, les Japonais ont versé des milliards sous forme d'indemnisations. De même que les historiens allemands cherchent à comprendre comment leur pays a pu se laisser entraîner par la folie hitlérienne, les historiens nippons explorent sans tabou le passé national. Mais les similitudes s'arrêtent là. A la différence de l'Allemagne, qui est réconciliée avec ses voisins au point de forger avec eux de nombreux liens ? au sein de l'Union européenne et de l'Otan, en particulier ? le Japon semble se contenter, pour l'essentiel, d'échanges économiques et commerciaux avec les autres pays de l'Asie du Nord-Est. Ses entreprises inondent de leurs produits le vaste marché chinois et elles emploient volontiers sa main-d'?uvre bon marché, au point que les deux économies sont devenues dépendantes l'une de l'autre. Sur le plan politique, en revanche, le dialogue est limité et purement bilatéral : il n'existe aucune organisation de coopération militaire régionale. Surtout, à la moindre évocation historique, diplomates chinois et japonais donnent l'impression de marcher sur des ?ufs... ou de les casser ! Que se passe-t-il, alors ?