Corvée Les habitants d?El-Bahia ont longtemps souffert du goût salé de l?eau qui coule des robinets. L?achat de ce précieux liquide est devenu monnaie courante dans les quartiers populeux de cette grande ville, et les revendeurs ambulants d?eau ont, certainement, amassé de grandes fortunes. Ils font partie du décor quotidien dans les ruelles d?Oran. Toute la journée, ils sillonnent les rues pour proposer «l?eau dessalée» aux habitants. Mais, il paraît que les Oranais auront très prochainement l?eau potable dans leurs foyers. En effet, une unité de dessalement d'eau de mer sera livrée fin juillet prochain au niveau de Bousfer-plage, à Aïn El-Turck. Initiée dans le cadre du plan d'urgence mis en ?uvre par le ministère de tutelle, cette structure permettra, une fois opérationnelle, de renforcer l'alimentation en eau potable dans la corniche oranaise avec un apport de 5 500 mètres cubes/jour. Cette production équivaut aux besoins supplémentaires relevés lors de chaque période estivale dans les communes du littoral Ouest. Les besoins quotidiens dans cette même zone sont évalués à une moyenne de quelque 20 000 m3/j dont près de la moitié est assurée à partir du barrage de Sidi Abdelli (Tlemcen). La plupart des ressources en eau de la capitale de l'Ouest sont extérieures à la wilaya. Outre l'ouvrage de Sidi Abdelli, Oran est alimentée à partir du barrage de Gargar (Relizane) avec un volume de 94 000 mètres cubes/jour dont 20 000 sont consommés par la zone industrielle d'Arzew. Celle-ci sera directement approvisionnée de la future station de dessalement d'eau de mer implantée à Arzew dont la mise en service est prévue dès août prochain avec une production initiale de 30 000 m3/j sur les 86 000 de sa capacité globale. Les foyers oranais sont également alimentés par la nouvelle station de dessalement de Brédéah avec un volume de 20 000 m3/jour. Les ressources locales (puits, forages) de la wilaya d'Oran sont évaluées à quelque 8 000 m3/j tandis que le besoin global est estimé à 350 000 m3/j. Par le passé, l'AEP s'effectuait aussi à partir du bassin de la Tafna et du barrage de Beni Bahdel, mais les faibles niveaux des réserves suffisent seulement à approvisionner les wilayas d'Aïn Témouchent et de Tlemcen. Le réseau d'alimentation en eau potable d'Oran est constitué de 1 500 km de conduites. Ces conduites, «vétustes et saturées» pour la plupart, «ont une moyenne d'âge de 50 ans». En matière de rénovation, 45 km de conduite ont été réhabilités dont 28 réalisés par le groupement Saur international et 17 par l'ADE et la société Hydro-Urbain. Dans le cadre de la stratégie visant à préserver ce précieux liquide, l'ADE a créé, en 2004, des brigades de lutte contre les fuites d'eau au niveau des différents secteurs de la ville. Dans ce contexte, 10 500 points de déperdition ont été réparés par ces agents qui disposent d'une vingtaine de véhicules équipés. Les activités de l'ADE sont également élargies à la prévention des Maladies à transmission hydrique (MTH) car 31 cas de pollution avaient été traités par ces mêmes services en 2004, période durant laquelle il fut procédé à 67 608 tests de chlore, 226 analyses physico-chimiques et 241 analyses bactériologiques. Prenant la suite de la gestion de l'ancienne Entreprise de production d'eau d'Oran (dissoute en octobre 2002), l'ADE est opérationnelle depuis janvier 2003. Elle compte quatre centres d'exploitation à travers la wilaya (Oran, Arzew, Aïn El-Turck, Es-Sénia) mobilisant un effectif de 706 agents dont près de 200 diplômés universitaires. Quelque 152 000 foyers oranais y sont abonnés.