Un film noir du Canadien Atom Egoyan, où manipulations et luttes de pouvoir se trament souvent dans la chambre à coucher, a relancé le débat au Festival de Cannes où nombre de films ne reculent pas devant des scènes très explicites. Même le très pudique Woody Allen a été plus loin qu'à l'accoutumée dans les scènes d'amour de son dernier film Match Point, comme l'a relevé la critique. A l'autre bout de la planète, le jeune réalisateur sri-lankais Vimukthi Jayasundara a présenté La terre abandonnée (sélection «Un certain regard»), où il reconnaît avoir dû quelque peu ruser pour obtenir de ses acteurs des scènes très inhabituellement crues pour la tradition de ce pays. Dans le vénéneux Where the truth lies d'Egoyan, en compétition pour la Palme d'or, le sexe est aussi omniprésent et n'a vraiment rien d'innocent. Le réalisateur, quant à lui, se récrie que ces scènes «sont essentielles au ressort dramatique de l'histoire», ce qui est indéniable, et trouve «bizarre» que le sujet de la nudité puisse encore faire débat. Alors que le film doit encore obtenir aux Etats-Unis son visa d'exploitation, crucial pour sa carrière commerciale, Kevin Bacon s'interroge, quant à lui, sur un système d'interdiction aux jeunes publics «qui laisse souvent passer la violence» mais tique sur toute scène trop dénudée, au mépris, selon lui, de tout bon sens. Miranda July, réalisatrice américaine de Moi, toi et tous les autres, présenté dans la Semaine de la critique, s'en prend également à l'hypocrisie du système.