Renaissance Les Grecs, comme beaucoup de peuples de l?antiquité, croyaient que les morts revenaient parmi les vivants quand ils n?avaient pas achevé une entreprise ou quand leurs proches n?avaient pas accompli correctement les rites funéraires. Dans la plupart des cas, les revenants semaient la terreur parmi leurs proches jusqu?à ce que ceux-ci comprennent ce qu?ils veulent et répondent à leur demande. Dans quelques cas seulement, les morts se comportent avec douceur. On rapporte que lorsque Eukrate a perdu son épouse, on a brûlé, comme l?exige la coutume, tous ses vêtements avec elle, ou du moins on croyait les avoir tous brûlés. Or voici que le septième jour du décès ? alors que le veuf, pour oublier son chagrin, s?est retiré pour lire et méditer le Phédon de Platon? son épouse entre dans la pièce et s?assoit à ses côtés. «Une de mes sandales en or n?a pas été brûlée, se plaint-elle, à cause de cela, je n?arrive pas à trouver la paix !» On va fouiller les cendres du bûcher et on découvre, effectivement, une sandale en or : elle est tombée au moment où on a mis le feu au bois et on ne l?a pas vue ! Les Grecs croyaient également qu?on pouvait faire parler les morts et obtenir d?eux des révélations sur l?avenir. Les personnes, capables d?un tel exploit, étaient appelées «psychagogues». Un de ces magiciens avait révélé au tyran de Corinthe, Périandre, qui avait vécu au VIIe siècle avant J.-C., que sa femme, qui venait de mourir, se plaignait d?avoir froid au royaume des morts, parce que, au lieu de brûler ses vêtements avec son corps, on les avait enterrés. Périandre annonce alors une grande fête à laquelle il invite toutes les femmes de Corinthe. Une fois réunies sur la grande place publique, il les fait déshabiller et fait brûler tous les vêtements. La femme de Périandre s?est alors exprimée par la voix du «psychagogue» : elle n?avait plus froid aux Enfers ! Les Grecs pratiquaient aussi le culte des héros défunts dont on invoquait la protection au moyen de rites et de formules magiques. Les héros, que l?on considérait comme des demi-dieux, avaient, pensait-on, le pouvoir d?intervenir dans les affaires des vivants. Les tombes des héros étaient l?objet d?un vrai culte et certaines étaient tenues secrètes de crainte qu?on ne les ouvre et qu?on n?y vole les ossements.