Similitude Ce rapport de la médecine à la magie est encore souligné par certains ouvrages de médecine populaire, comme le Rahy?ma d?Al-Souyouti. Cet ouvrage, autrefois très répandu, mêle procédés thérapeutiques et recettes magiques pour soigner divers maux. Dans les milieux maghrébins, il est certainement à l?origine de nombreux rites curatifs, conservés de nos jours. Dans beaucoup de cas, les médecins d?autrefois avaient aussi des fonctions religieuses, imams ou talebs, qui disent tenir leur pouvoir de guérir de leur ancêtre, généralement un saint. Dès l?antiquité, des tribus berbères s?étaient signalées par leur pouvoir de guérison. Les auteurs grecs et latins évoquent longuement les Psylles, une population du littoral de la Grande Syrte, aujourd?hui en Libye, qui avaient la réputation non seulement d?être insensibles aux morsures de serpents, mais aussi de les soigner. Ils procédaient par succions, par des rites et des potions magiques, ainsi que par des applications de leur salive qui passait pour expulser le venin. Aujourd?hui encore, des tribus ou des familles ont la réputation de guérir, par le toucher, par l?application de salive ou d?autres procédés magiques, diverses maladies. On parle de qudra (pouvoir) ou de daâa (coutume), héritée des anciens ou des saints. Dans la vallée de la Soummam, en Kabylie, les Aït Ouaghlis, par exemple, ont gardé la réputation de réduire les fractures : on vient encore les consulter de tous les villages environnants. A Alger, la fonction de rebouteux était dévolue, autrefois, aux descendants de Sidi Medjbar (le nom de ce saint signifie justement «rebouteux»). En Oranie, la zaouïa des Ouled Sidi Benamar était spécialisée dans le traitement de la sciatique, dont les techniques rappellent l?acupuncture.