Réaction «Voir, aujourd'hui, la Maison-Blanche et le Pentagone s'en prendre à Newsweek pour une erreur, constitue le summum de l'hypocrisie», écrit un éditorialiste du Washington Post. Le gouvernement américain, qui a lancé une virulente campagne contre l'hebdomadaire Newsweek dans l'affaire du Coran présumé profané sur la base de Guantanamo, gagnerait à balayer devant sa porte, estiment certains hommes politiques et commentateurs américains. Les informations inexactes pour justifier la guerre en Irak ainsi que les enquêtes officielles peu convaincantes sur d'autres abus avérés ou supposés à Guantanamo, dans la prison irakienne d'Abou Ghraïb ou en Afghanistan, devraient inciter l'Administration à plus de retenue, font-ils valoir. «L'Administration, qui fustige Newsweek pour une histoire contenant un fait qui s'est avéré inexact, est la même Administration qui a menti au Congrès, aux Nations unies et au peuple américain en fabriquant des raisons pour nous envoyer en guerre» en Irak, s'est indigné un membre de la Chambre des représentants, le démocrate californien Pete Stark. L'utilisation de sources anonymes, décriée dans le cas de Newsweek, est, par ailleurs, une pratique largement utilisée par l'Administration Bush ? comme par les précédents gouvernements ? quand cela va dans le sens de son intérêt. Selon lui, il n'est pas un jour sans qu'un ministère, agence d'Etat ou la présidence elle-même, organise, pour la presse, des rencontres avec des officiels de haut rang, sous réserve que leur nom ne soit pas rapporté. «N'avez-vous pas le sentiment que cela constitue un encouragement à utiliser des sources anonymes ?», a récemment demandé, sur un ton faussement naïf, un journaliste lors d'une conférence de presse au Pentagone. Rappelons que l'hebdomadaire Newsweek a fini par désavouer, lundi dernier, cet article qui, sur la foi d'un responsable américain anonyme, affirmait qu'un exemplaire du Coran avait été jeté dans des toilettes sur la base américaine de Guantanamo (Cuba), pour faire craquer des prisonniers musulmans. Sans remettre en cause la rétractation du magazine, des voix se sont élevées pour trouver un peu fort que l'Administration de George W. Bush joue les vertus indignées.